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journal de ma vie

secret en recommandation, car il nous apprehendoit de ce costé là, et me tesmoygna qu’en cela consistoit le bien de nos affaires. Je poursuivis donc a luy dire que j’avois despesché a Sa Majesté pour luy mander l’absence de ce prince, et celle du palatin, quy estoit allé a la hirschfaist au Haut-Palatinat, et qu’il m’avoit mandé la dessus que je me gardasse bien de passer outre, mais qu’apres avoir veu Mr  le marquis de Baden, sy je rencontrois en luy la confiance et la satisfaction qu’il s’en attendoit et promettoit, je le priasse quand et quand de prendre la principale direction de tout ce dessein, et que je prisse les ordres de luy, non seulement de ce que j’aurois a faire pour le service de Sa Majesté, mais encores une instruction et formulaire de la façon qu’elle devoit agir en cette affaire, a quels princes elle devoit faire parler pour cette grande union et confederation pour le bien general, par quels moyens les y attirer, quelles lettres leur escrire et en quelle teneur, quelles personnes des leurs gaigner ou employer, et en fin tout le gros et le destail de cette affaire.

Ce prince prit mon discours de la mesme main que je luy presentois, accepta la charge que le roy luy donnoit, avesques grandes actions de graces, promit de s’y employer avec tout le soin et l’industrie que Sa Majesté sçauroit desirer ; que, puis qu’elle luy commandoit, il m’envoyeroit des amples memoires et avis de ce qu’il faudroit faire, et ce par un sien secretaire, jeune homme, mais bien entendu, et en quy il se confioit entierement (nommé Huart), des qu’il auroit mis au net tous les papiers necessaires ; que ce secretaire demeureroit pres du roy comme solliciteur de