Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
1613. janvier.

la part de la reine, affin qu’elle les y mit. La reine avoit dit au chevalier de Sillery qu’il fit venir Mr  le president Jannin a Luxembourg, et qu’en sortant de table elle eut son carrosse.

Je m’en vins disner, et aussytost allay passer cheux la reine Marguerite, a quy je fis dire que la reine la viendroit voir au retour de Luxembourg ; et, continuant mon chemin par la rue de Seine, je vis le carrosse de Mr  le marquis d’Ancres cheux Mr  de Boullon. J’y descendis, et entretins Sardini, tandis que Mr  le marquis d’Ancres parloit a Mr  de Boullon, quy avoit lors les gouttes. Quelque temps apres, on vint dire au marquis d’Ancres que la reine estoit a Luxembourg : il prit congé de Mr  de Boullon ; et luy, Sardini, et moy, montames en son carrosse. Il fut fort estonné, en arrivant au premier jardin de Luxembourg, qu’il vit la reine en une allée seule, se promenant avec le president Jannin ; mais il le fut bien davantage quand il voulut y aller faire le tiers, que Chastaigneraye[1] luy dit que personne ne pouvoit passer, et qu’il en avoit commandement tres expres de la reine : il prit une autre allée avec Sardini et moy, fort embarrassé de ce long entretien ; lequel fini, la reine s’en vint cheux la reine Marguerite, et de la au Louvre, ou elle trouva Mr  d’Espernon et Zammet dans son petit cabinet, et Mr  de Guyse dans le grand.

Elle parla premierement a Mr  de Guyse, quy luy fit toutes les protestations d’une entiere fidelité ; renon-

  1. La Chastaigneraye était capitaine des gardes du corps de la reine.