de Saint-Luc (aust)[1], et la reine m’avoit donné de grandes esperances pour ce dernier. J’avois prié particulierement, et luy aussy, le marquis d’Ancres de l’assister en cette affaire, et il luy avoit promis et a moy aussy ; neammoins (comme les interets particuliers marchent avant toutes choses), il la fit donner a Mr de Rochefort, a la priere que luy en fit Mr le Prince, et la reine me dit qu’extreordinairement pressée par le dit marquis, elle avoit donné cette charge a Rochefort, bien qu’elle eut esté plus portée pour Mr de Saint-Luc. Le marquis d’Ancres le jour mesme me dit qu’il estoit au desespoir de quoy la reine avoit donné cette charge a Rochefort et qu’il me prioit d’asseurer Mr de Saint-Luc qu’il avoit fait ce qu’il avoit peu en sa faveur, mais que l’autorité de Mr le Prince avoit prevalu ; moy quy sçavois ce que la reine m’avoit dit, luy respondis que quand il voudroit tromper un tiers et m’associer en cette affaire, que je luy ayderois volontiers ; mais que pour tromper mon beau frere, je luy priois qu’il en employat un autre, car je luy estois trop proche ; et en suitte Mr de Saint-Luc luy en ayant tesmoygné un peu de froideur, il se persuada que je luy avois animé et m’en fit la mine ; et en suitte, assisté de sa femme, commencerent a imprimer dans l’esprit de la reine que je faisois vanité de la bonne chere qu’elle me faisoit, et que l’on en parloit : ils luy dirent en suitte que je luy alienois ses serviteurs, et que je mutinois le monde contre elle.
- ↑ Suivant la correspondance de Malherbe (Œuvres, t. III, pp. 329 et 333), le marquis de Noirmoustier mourut seulement dans les premiers jours de septembre.