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VIII



Voici les principaux détails d’un récit de ce combat, qui se trouve (p. 932-934) dans l’Histoire universelle des guerres du Turc depuis l’an 1565 jusques à la trève faicte en l’année 1606, par N. de Montreulx, sr du Mont-Sacré, M.DC.VIII, tome II, faisant suite à l’Histoire generale des troubles de Hongrie et Transilvanie, par Martin Fumée, sr de Genillé.

« Cette disgrace ne les destourna pas de l’entreprinse d’un pont sur le Danube pour passer vers nous, et la nuict nous faire une charge. Mais leur dessain descouvert aux nostres, on invente son remède. Car nostre general ayant sceu le jour et l’heure que les Turcs devoient passer, leur dresse une ambuscade de quatre mille lansquenets, et deux mille reistres. Derrière estoit le regiment de Coleniche, accoustumé de vaincre, qui regardoit à sa teste Monsieur le prince de Joinville, avec quelque nombre de gentilshommes françois, qui l’avoient suivi par courage et desir, et le sieur de Bassompierre, avec ses domestiques, peu de nombre, et beaucoup de valeur. Aux flancs estoient les quatre trouppes de carabins, François, Lorrains et Wallons. »

« Le pont des Turcs achevé, le voila chargé de trouppes adversaires qui le passent en esperance de nous surprendre. Nos gens de pied les regardoient passer, et consideroient leur ordre et le temps de commencer leur charge. Comme ils l’eurent apperceu, et que jà dix mille Turcs avoient la teste tournée contre eux, les Wallons, sur la rive du fleuve, les saluent de plomb et de feu. Ils poussent au travers de ces difficultez, et passent sur le ventre des Wallons. Mais cette poincte fut bientost esmoussée, car passez, les voilà chargez de nos lansquenets et de nostre cavallerie. Nos Wallons ralliés retournent d’une autre part furieusement à la charge. Le prince de Joinville charge selon son ordinaire, et fait jour dans cette masse.