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journal de ma vie.

mareschal de Temines malade. Ils prindrent mon avis de la mesme main que je leur avois presenté, allerent apres disner trouver monsieur le connestable [pour le prier] de changer cet ordre, mais de leur renforcer leur quartier de trouppes nouvelles quy devoint venir a l’armée ; ce qu’il leur promit, et delivra nostre quartier de ce surcroit de garde.

Le vendredy 15me Mr  le mareschal de Temines m’envoya dire que je luy vinsse parler au pont du Tar ; ce que je fis, et le trouvay dans sa litiere avec son train, s’en allant de l’armée par la permission quy luy en estoit a l’heure mesme venue du roy. Il estoit fort malade, et a la mine et a l’effet : il se dressa comme il peut sur la litiere et me dit que l’extremité de sa maladie le forçoit de quitter son quartier, et qu’outre cela le mauvais estat ou il estoit l’eut contraint de l’abandonner ; qu’il me le consinnoit pour le garder, et que j’y envoyasse des trouppes au nombre que je jugerois a propos. Je creus qu’il resvoit de me tenir ce langage et luy dis que ce n’estoit pas à moy à quy il le devoit remettre, mais a monsieur le connestable quy luy avoit mis en main ; que j’avois charge de celuy des gardes sous Mrs  les mareschaux de Chaunes et de Pralain, dont j’estois bien empesché de m’acquitter ; a plus forte rayson ne me chargerois je pas d’une nouvelle commission, laquelle je ne voudrois pas accepter sy le roy mesme me la commettoit, s’il ne me deschargeoit de celle des gardes. Sur cela il s’esmeut fort, et me dit qu’il me le reprocheroit un jour ; qu’il n’eut pas creu cela de moy, et qu’il protestoit, en cas que je ne l’acceptasse, du mal quy en pourroit arriver : et moy je luy dis absolument que je n’en ferois