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1622. mars.

province duquel il seroit, feroit la charge de lieutenant general, et l’autre de mareschal de camp ; et le roy recommanda a tous trois une parfaite union et intelligence pour le bien de son service, auquel il pensoit avoir suffisamment pourveu par cet establissement. Mais il arriva que Mr  d’Espernon ayant mandé a ces deux messieurs de le venir trouver en Saintonge avesques leurs forces, ils y accoururent promptement et y demeurerent jusques a ce qu’ils en eussent chassé Mr  de Soubise quy avoit lors sur pié une armée de sept mille hommes de pié, et sept cens chevaux huguenots : mais le dit sieur de Soubise s’estant de là jetté dans le gouvernement de Mr  de Saint Luc, puis en suitte dans le Poitou, Mr  d’Espernon ayma mieux garder ses gouvernemens avec les trouppes qu’íl avoit, que de les employer a secourir ses voysins, lesquels s’en estans plaints au roy, et mandé qu’ils ne pouvoint conserver leurs gouvernemens avesques les trouppes qu’ils avoint s’ils n’estoint secourus de plus grandes, le roy envoya vers Mr  d’Espernon un nommé le Fay[1] pour luy ordonner que toutes choses cessantes, il eut a aller secourir le Poitou avesques les trouppes que Sa Majesté luy avoit laissées. Mais ledit Fay ne luy ayant pas parlé a son gré, il le malmena, lequel estant de retour aupres du roy, l’anima bien fort contre Mr  d’Espernon, et luy ayant de rechef renvoyé, il en revint avesques aussy peu de satisfaction que la premiere

  1. Peut-être Jacques du Fay, comte de Maulevrier, seigneur de Bourgachard, fils de Jean du Fay, seigneur du Taillis, et de Madeleine Jubert, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi ; ou Philippe Bergeron, sieur du Fay, commissaire ordinaire des guerres.