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journal de ma vie.

nommés isles parce qu’il n’y a aucun acces sans passer l’eau, que par ces chaussées. Ainsy est faite l’isle de Riés, ainsy celle de Periés, celle de Saint Jean des Monts, et autres.

Mr de Marillac se jetta dans la chaussée quy va de Chalans a Periés, ayant mis devant luy cinquante arquebusiers a cheval, quy estoit la compagnie d’Esplan ; quelque trente gentilshommes volontaires l’accompagnerent, et passa cette chaussée quy contre son attente avoit plus de deux lieues de long. Il trouva a son arrivée que les ennemis taschoint de forcer ce pont que les habitans deffendoint encores assés bien, attendant ce secours. Il fit mettre ces carabins pié a terre, et occuper la place des païsans a la garde du pont, ce que les ennemis ayans apperceu et mesmes qu’il y avoit de la cavalerie dans l’isle, ralentirent leur effort. Marillac cependant donna avis au roy que, sy on luy envoyoit deux mille hommes, il garderoit l’isle et tiendroit sur cul les ennemis jusques a ce que le roy eut resolu, ou de les attaquer, ou de les laisser passer, et que cependant il se faisoit fort de tenir l’isle de Periés tout ce jour. Esplan demanda a parler a Mr de Soubise quy le vint trouver proche du pont et luy parla, le canal entre deux : cela les amusa jusques sur le tard.

Cependant le roy estant arrivé et logé a Chalans, eut les nouvelles de Marillac, et ayant assemblé son conseil, resolut d’envoyer quatorse compagnies de son regiment des gardes pour la conservation de l’isle de Periés, et que le lendemain au jour, il se mettroit en battaille avesques la cavalerie qu’il avoit, a la veue de Riés, a cinq cens pas d’ou La Rochefoucaut estoit