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1622. juin.

la vie. J’entray là dessus, et il m’en dit de mesme. Je luy demanday de quoy l’on m’accusoit. Il dit lors que le comte de Paluau[1] et le regiment de Navarre avoint fait le mesme refus a Marillac, que les gardes avoint fait le jour auparavant, et que c’estoit de mes pratiques. Je luy dis qu’il ne m’en devoit point accuser, mais la personne de Marillac quy ne leur estoit point aggreable, et pour preuve de mon dire, s’il luy plaisoit de commander a Mr  le marquis de Seneçay, ou a Mr  de Valançay, d’aller commander la tranchée, je m’asseurois qu’ils y trouveroint une entiere obeissance, et que ce n’estoit point le desplaisir qu’ils avoint de ce que je ne servois point, mais bien de ce que Marillac servoit, lequel ils n’estimoint pas : ce que le roy approuva et leur commanda d’y aller, disant neammoins a Marillac qu’il parleroit aux gardes pour le faire reconnestre par elles.

Apres disner le roy alla a Saint Antonin ou l’on luy avoit fait une redoutte a my coste, de laquelle il pouvoit voir tout ce quy se faisoit au siege[2]. La ville fut ce jour là battue de sept canons quy leverent les deffenses de ces deux ravelins revestus quy deffendoint la corne, a laquelle ceux des gardes quy estoint ce jour là dans la tranchée voulurent faire quelque effort et n’y reussirent pas bien ; dont le roy fut fasché et me

  1. Henri de Buade, comte de Paluau, fils d’Antoine de Buade, seigneur de Frontenac, baron de Paluau, et d’Anne de Roque-Secondat, était mestre de camp du régiment de Navarre.
  2. « Le 16 a dix heures monte a cheval et va au camp au dessus d’une batterie ou il y avoit deux couleuvrines : en pointe par deux fois une sur des païsans qui remparoient, a la seconde fois en tue deux. » (Journal d’Hérouard.)