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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/122

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le mort s’est trompé d’étage

120 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE sous ce jour-là ! Pauvre sotte ! Quand j’avais quinze ans, il m’a droguée, moi, parce que je ne me laissais pas prendre à ses câlineries. Ensuite, j’ai défendu farouchement ma porte et, dès que je l’ai pu, je suis partie pour Bordeaux. Alors que toi, Bobette, tu n’as pas hésité à faire cette chose monstrueuse prendre pour amant le mari de ta mère ! N’essaie pas de nier : je sais. Non, non criait désespérément Françoise. Si tu savais comme je me suis repentie ! J’étais si jeune, je ne me rendais pas compte… Ses sanglots redoublèrent. Dis-moi, reprit Évelyne, comment Raoul t’a-t-il décidée à mettre du poison dans les ali- ments de Lucien ? Je ne savais pas que c’était du poison. Il vou- lait provoquer de légers malaises afin d’avoir un prétexte pour venir le soir lui faire une piqûre cal- mante. Sa situation était désespérée, ses créan- ciers le harcelaient… Les pierres précieuses que -rapportait Lucien le sauveraient. On penserait qu’en voyage il avait imprudemment parlé de ce trésor et qu’un voleur l’avait suivi… Et tu as été assez naïve pour gober ce conte ? — Raoul me faisait croire tout ce qu’il voulait, murmura Françoise. Mais après, quand nous sommes entrés dans la chambre sombre et que Lucien a tout à coup donné la lumière, j’ai vu à Raoul une figure de criminel ! J’ai rompu avec lui ensuite, je te le jure ! Mais toi, Évelyne, comment avais-tu deviné ? Pendant la soirée que Lucien a passée à Roche-Marie, après le dîner, quand il a parlé de cette fortune en pierres précieuses, j’ai vu l’expres- ——