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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/127

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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 125 Soudain, le « sujet » parla, d’une voix enrouée de larmes : Ce n’est pas juste, non, ce n’est pas juste ! Je me suis tellement repentie, quand je me suis rendu compte de ce que j’avais fait. Je me suis séparée de Raoul, j’ai repris avec zèle mes pratiques- religieuses, et mon confesseur, qui a vu ma con- trition, m’a assurée que j’étais pardonnée. J’étais si jeune, je ne savais pas ce que je faisais. Tout cela a été enterré, cela ne devrait pas reparaître dans ma vie, ce n’est pas juste ! Cette enfantine révolte émut l’inspecteur. Ma pauvre petite, nous sommes prisonniers de nos actes. Dieu le Père lui-même ne peut pas défaire ce qui a été. Puisque vous êtes pieuse, vous devez connaître la parole terrible de l’Écriture : « Celui qui sème le vent moissonne la tempête ». Tout le repentir du monde n’y change rien. Épuisée de larmes, elle releva vers lui une pauvre figure mouillée, défaite, et demanda d’une humble voix toute tremblante d’angoisse : - Est-ce que Philippe le saura ? Si cela ne dépend que de moi, il ne le saura pas ! dit Lamblin avec une chaleur qui l’étonna lui-même, après ce qu’il venait d’apprendre. Mais, vrai ! cette gosse qu’on avait pervertie, et qui disait si naïvement son repentir, lui faisait pitié. « Et puisque nous en sommes à l’Évangile, souvenons- nous que le Christ n’a pas voulu condamner la femme adultère que celui qui est sans péché lui jette la première pierre, ce qui, en toute humilité, n’est certainement pas mon cas. » Tâchez de vous remettre un peu, dit-il. Je vous ai dit que je croyais Victor toujours vivant. 1