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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/138

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le mort s’est trompé d’étage

136 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE A cette heure matinale, il y avait peu de voi- tures. Des livreurs sur leurs triporteurs, de lourds camions des grands magasins, quelques taxis. Voici une conduite intérieure noire… Elle passe loin du trottoir et ne fait pas mine de s’arrêter. En voici une autre… non, elle est vert sombre. Ah ! ce pourrait bien être celle-là… Elle roule len- tement, elle approche… Françoise se met tout au bord. Mais un motocycliste descend l’avenue à toute allure, dépasse la voiture à sa gauche, coupe audacieusement la route devant elle, happe au passage l’enveloppe et tourne dans le boulevard Amiral-Bruix.. Les deux cyclistes ont bondi en selle. Poursuivez l’auto, Drouard ! crie Lamblin en filant, combien vainement dans le sillage du bolide ! O stupeur ! la moto après avoir, penchée comme une barque sous le vent, décrit une large. courbe, revient en sens inverse. Lamblin veut tirer, mais la moto double à droite une voiture de livraison attelée d’un lent et placide cheval, qui lui sert de bouclier. Au mépris de tous les codes, elle appuie à gauche vers l’endroit où Françoise est restée, sidérée, muette d’étonnement, et l’homme, qui vient de jeter rageusement des pa- piers froissés, tire deux coups de revolver dans sa direction. Des voitures s’arrêtent, des passants accourent vers la jeune fille qui gît inerte, évanouie, pendant que la motocyclette, par une souple ma- nœuvre, a repris sa droite, file à toute vitesse et disparaît dans l’avenue Bugeaud. Lamblin et Drouard aussi sont accourus. Drouart fort penaud d’avoir arrêté, d’un impérieux coup de sifflet, l’auto d’un illustre académicien qui s’en