Aller au contenu

Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
135
le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 135 une enveloppe contenant dix mille francs. Une conduite intérieure noire descendra l’avenue vers cette heure-là. Un homme assis à côté du chauffeur vous tendra une enveloppe contenant les docu- ments qui vous intéressent et vous lui donnerez la vôtre. Si vous essayez de me rouler, ou de vous faire accompagner, malheur à vous. Je ne plaisante pas ». Quelle assurance donne aux fripons l’impu- nité ! s’exclama Lamblin. Elle les pousse aussi à cette imprudence, que nous attendions avec tant d’espoir ! Alors, mademoiselle, vous irez demain vous poster docilement à l’endroit indiqué. L’en- veloppe que vous allez tenir ostensiblement ne contiendra, bien entendu, que des coupures de journaux. Drouard et moi, sous les apparences innocentes de deux cyclistes examinant leurs chaînes ou leurs freins, serons arrêtés au bord du trottoir, un peu plus bas. L’auto noire ralentira forcément pour l’échange des enveloppes, ce qui nous donnera le temps de sauter sur nos machines et de la suivre en tirant dans ses pneus. Il faisait toujours aussi chaud, sinon davantage. Quelques orages avaient apporté une passagère fraîcheur, que le soleil impitoyable avait vite dis- sipée. En ce matin fatidique, sur la chaussée de l’avenue Foch, les arroseuses municipales avaient épanché des rangées d’averses qui, sous la lumière éclatante, faisaient briller l’asphalte comme de l’acier poli. Personne ne prenait garde à Françoise, immobile au coin du trottoir, une lettre à la main. Pauvre Françoise, qui, le cœur battant, le visage contracté d’angoisse, expiait les fautes de l’insouciante et coupable Bobette de Roche-Marie.