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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/162

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le mort s’est trompé d’étage

160 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE mise en infériorité par son poids, devait ralentir, s’arc-boutait des quatre roues et reprenait de l’avan- tage une fois le tournant passé. Victor semblait la remorquer par un fil élastique. Il suivit la Seine sous la terrasse de Saint-Ger- main, fit une pointe en forêt, sortit vers Poissy, fila vers Vilennes. Souvent ils le perdirent de vue. Mais le bruit de la Studebaker dominait le ronron discret de la Maybach et servait de repère. Heureu- sement, par cette nuit de tornade, il n’y avait pas une âme dans les rues et sur les routes. Ils croisèrent pourtant quelques voitures et plusieurs fois, de nouveau, évitèrent de justesse la collision. En trombe, ils traversèrent de somnolents villages.. Le motocycliste tourna vers Orgeval, monta sur les Alluets, revint vers Crespières. Lamblin n’es- sayait plus de consulter la carte. De temps en temps il entrevoyait un écriteau, une borne Miche- lin. Puisque cela suffisait à Victor, il n’y avait qu’à suivre. Il vira à gauche : Feucherolles, puis à droite Chambourcy, et sur la route droite ils espérèrent le rejoindre. Mais revenu près de Saint- Germain, il esquissa encore d’imprévisibles détours. Jamais bête pourchassée, attentive à brouiller ses voies, ne boucla d’entrelacs plus compliqués. Il fuyait à présent sur Mareil, et finissait par se rap- procher de la forêt de Marly. Dans les côtes, il prenait de l’avantage. Lamblin était très las. Une angoisse l’étreignait : il sentait l’imminence de la fin. Jetant un coup d’œil à Van Laar il admira sa maîtrise tenace, son attention qui pas une seconde ne fléchissait et lui révélait les mouvements, les intentions même de son ennemi. On touchait au but. Après l’Étang-la-Ville, la