Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/100

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Ce travail caractéristique est lui-mê[194]me de deux especes différentes, l’une de préparation, l’autre d’opération ; et c’est une derniere distinction facile à vérifier.

En effet, il est une sorte d’ouvriers et d’ouvrages qui disposent seulement les matieres premieres, qui les rendent propres à devenir un jour partie plus ou moins principale de quelque édifice, de quelque ameublement, de quelque parure : ce travail se fait dans les atteliers et dans les manufactures.

Il est une seconde sorte d’ouvriers et d’ouvrages qui font emploi des matieres premieres ainsi préparées, et qui forment par leur assemblage, des maisons, des meubles, des habits, des bijouteries de toute espece : ce travail se fait plus communément dans les boutiques des artisans.

Il seroit inutile sans doute, et presque injurieux à nos lecteurs de leur expliquer l’utilité de cette industrie, de son [195] développement, de ses progrès successifs et continuels, puisqu’il est d’une souveraine évidence que le bien-être, que les douceurs et les commodités de la vie sont attachées aux jouissances que nous procurent ces travaux réunis.

Mais un objet qu’il est peut-être essentiel de se rappeller ici plus distinctement, c’est l’origine même de ces travaux qui procurent les jouissances utiles et agréables, attachées à l’usage ou à la consommation des ouvrages de durée.

Cette origine trop oubliée, c’est la multiplication des récoltes, des subsistances et des matieres premieres, jointe avec l’épargne des hommes employés aux travaux productifs.

Rappellons-nous bien, et gravons profondément pour toujours dans notre mémoire, que c’est l’une et l’autre cause réunies ensemble qui operent cet heureux effet, et qui l’operent par leur concours.

[196] Tout Manufacturier qui prépare, tout Ouvrier qui opere, suppose nécessairement trois choses préexistantes, sans lesquelles son travail ne s’accompliroit pas. Ces trois choses sont, 1o ses subsistances, 2o les matieres qu’il façonne, 3o l’inutilité de son travail à la réproduction annuelle des unes et des autres.

Quand nous avons établi comme loi fondamentale de la classe productive, qu’elle devoit tendre par son savoir, par son émulation, par ses avances, à multiplier les récoltes des trois regnes, en épargnant le plus qu’il est possible le travail annuel et journalier