Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/15

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existants ; il y en a qui concourent à sa diminution, qui détruisent, qui empêchent. Les premiers sont justes, les seconds sont bienfaisants, les autres sont criminels[1]… » Cette morale régit la conduite des particuliers, elle suffit notamment à trancher la question si débattue du luxe permis et du luxe condamnable. L’auteur ne fait ici qu’effleurer cette théorie, mais il l’avait longuement développée dans les tomes I et II des Éphémérides de 1767, en deux véritables Traités Du luxe et Du faste public et privé qui constituent un apport important à la Physiocratie. Sur ce point Quesnay n’avait édicté qu’une règle vague : QU’ON NE PROVOQUE POINT LE LUXE DE DÉCORATION. Le commentaire qu’il avait donné de cette maxime ne fournissait guère d’éclaircissements[2] ; les principes fondamentaux de son système permettaient toutefois d’aboutir à une solution précise aucun de ses disciples n’a croyons-nous, formulé la solution physiocratique de ce problème du luxe avec autant de logique et autant de netteté que Nicolas Baudeau. La morale dont notre auteur pose les règles primordiales dans le passage cité plus haut régit également la conduite des Souverains : elle leur prescrit par exemple la liberté économique, l’impôt unique sur le produit net, elle leur ordonne de répandre l’instruction et surtout l’instruction économique, de veiller à la sûreté des propriétés, etc. Elle régit enfin la conduite des Nations : elle leur commande le libre-échange et la fraternité.

Et cette morale est toute dans la dépendance de l’Économie politique au lieu que de nos jours certaines écoles prétendent subordonner la seconde à la première. La Formule du Tableau économique est l’instrument qui mesure la valeur morale de chacun.

  1. V. infra, p. 14-15.
  2. V. Quesnay, Maximes générales, Maxime XXII et note sur cette Maxime, edit. Oncken, p. 335.