Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/187

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C’est en ce sens qu’ils appellent leur empereur, le fils aîné du ciel, qui est le pere et la mere de l’etat. C’est en ce sens qu’ils disent de la maniere la plus simple, en même temps qu’elle est la plus énergique et la plus salutaire, que le devoir de ce fils aîné du ciel consiste à conformer son intelligence à celle du ciel, et sa volonté à la volonté du ciel, dans tout l’ordre de justice et de bienfaisance qui concerne la propagation et le bien-être de l’espece humaine sur la terre. Quand les lettrés chinois prononcent que l’empereur est le représentant et le mandataire de l’etre suprême Chang-Ti, ils n’entendent point que ses volontés quelconques, purement humaines et variables, tiennent lieu de l’ordre du ciel, et de la volonté souveraine qui gouverne tout l’univers : erreur qui caractérise tous les despotismes arbitraires. Ils savent, ils enseignent à tout le peuple, ils défendent même au péril de leurs vies, quand il le faut, cette grande et sublime vérité, qu’il y a une loi du ciel, contenant des regles éternelles immuables de justice et de bienfaisance qu’il faut connoître et observer. Quand ils l’exécutent, ils disent qu’ils obéissent au souverain seigneur Chang-Ti, et à son fils aîné qui en est l’organe choisi par sa seule providence. En sorte que l’empire de la Chine est par l’instruction des lettrés qui le gouvernent, l’etat le plus approchant qui soit au monde connu de la vraie théocratie, que j’appelle monarchie économique. C’est-à-dire, que l’enseignement moral économique de la loi divine de justice, de l’ordre divin de bienfaisance, en est le premier et suprême législateur, qu’il y regle et dirige sans cesse l’instruction publique et privée de tous les hommes, notamment et principalement celle des mandataires de l’autorité ; la protection civile, militaire et politique de toutes les propriétés, de toutes les libertés ; l’administration universelle, tant pour la perception des revenus publics qui fournissent les moyens d’exercer les fonctions de l’autorité, que pour l’emploi des forces et des richesses combinées à cet effet. Quand une fois on s’est fait ce premier principe moral et politique, de regarder le chef d’une société policée comme le représentant et le mandataire de l’autorité divine, dont l’emploi est de prononcer la volonté de Dieu même, la loi