Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/188

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de ce que Dieu a voulu être juste, l’ordre de ce que Dieu a voulu être bienfaisant, on est incliné à laisser en effet à la providence le choix de son mandataire. Il est certain que dans un peuple où la loi naturelle de justice, l’ordre naturel de bienfaisance, considérés comme volontés de l’etre suprême, sont l’objet d’un vrai culte religieux, la monarchie étant considérée, à la maniere des Chinois, uniquement comme organe et comme instrument de cette volonté céleste ; l’hérédité absolue paroîtroit confirmer cette idée. Par elle en effet, c’est la providence de l’etre suprême seule qui choisit son lieutenant sur la terre. Que le titre et la qualité de premier et suprême organe de cette autorité divine soit héréditaire et patrimonial, même dévolu par la regle de primogéniture, ce que les Chinois n’ont pas entiérement admis, c’est peut-être en effet une confirmation de l’idée théocratique dans l’esprit du prince même et des peuples : c’est d’ailleurs une plus grande et plus intime unité d’intérêt entre le souverain et ses mandataires d’une part, et toutes les classes de citoyens de l’autre. Toutes les formes contraires à l’unité, à l’hérédité, à la primogéniture ont été inventées pour suppléer à l’effet que produiroit cet enseignement moral économique, si elles étoient dirigées contre le despotisme arbitraire, qui est précisément le contraire de la théocratie ou de la monarchie économique. Mais ces formes, indifférentes par elles-mêmes pour l’effet auquel on les destinoit, n’ont été et ne seront jamais accompagnées d’aucun véritable succès, qu’au moyen des idées et des sentiments de justice et de bienfaisance que l’instruction développe et confirme dans les ames, et ce dans une proportion exacte avec la force de ces mêmes sentiments. Sans eux toutes les formes quelconques manqueront toujours leur but, comme l’histoire nous apprend en effet qu’il a toujours été manqué dans les républiques de la Grece par exemple, qui ne connurent jamais les loix de l’ordre, et dont les annales ne nous offrent qu’un spectacle continuel d’attentats affreux contre la paix et le bonheur de l’humanité. Dans ces peuplades inquietes, usurpatrices, tyranniques, qui ne cesserent d’arroser de sang humain, de couvrir de ruines, et de réduire en friches le sol le plus fertile et le mieux situé du monde connu,