Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/189

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regnoient les trois erreurs que j’ai désignées comme les fléaux des etats mixtes. Erreur sur le pouvoir législatif arbitraire, qui suivant les philosophes et législateurs de la Grece, pouvoit ordonner même ce qui est mal, et condamner même ce qui est bien de par la nature : erreur sur la perception des revenus publics dont ils avoient si peu les vrais principes, qu’ils inventerent eux-mêmes, ou adopterent avec empressement les formes de perception les plus destructives des propriétés, les plus oppressives des libertés, les plus dévastatrices des héritages fonciers, des richesses d’exploitation, et par conséquent de l’aliment nécessaire des arts stériles, et du patrimoine de la souveraineté : erreur abominable sur leur patriotisme, qui n’étoit qu’une déclaration continuelle de guerre contre tous les autres peuples, suivie d’hostilités déclarées ou couvertes, que la fraude, l’injustice, le pillage, la cruauté ne manquoient jamais d’accompagner. A la vue des maux que souffrit l’humanité dans cette portion de la terre, pendant l’espace de temps que quelques historiens éloquents ont rendu si célebre, tout homme juste et bienfaisant décidera du mérite de ces principes constitutifs des etats mixtes, que les philosophes et les politiques de la Grece regardoient comme leur chef-d’œuvre ; que les modernes ont emprunté d’eux, pour en étaler ou la spéculation dans des livres ou la pratique dans nos républiques des derniers siecles. Ce n’est donc pas avec les républiques infectées de ces trois erreurs désastreuses, que je laisse à mes lecteurs le soin de comparer l’idée théocratique des Chinois, ou mieux encore celle d’une véritable monarchie économique, dont le seul, le continuel législateur universel seroit l’ordre suprême de justice et de bienfaisance ; c’est avec des républiques également éclairées sur ces trois grands objets fondamentaux, également pénétrées d’amour et de respect pour les loix de la nature juste et bienfaisante, qu’ils doivent établir cette comparaison. A quelque nombre de personnes qu’ils attribuent le nom de souverain, à quelques titres ou conditions qu’ils attachent leur élévation à