Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/52

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ristiques des sociétés policées, et par conséquent la prospérité générale de l’État.

L’instruction fait savoir, la justice fait [65] vouloir, car elle donne la certitude de jouir ; certitude sans laquelle on ne voudroit jamais se donner la peine d’apprendre ni d’opérer, en faisant des avances qui coutent du temps, des soins, des peines, des dépenses de toutes especes.

Nous avons ajouté que la justice est nulle dans l’etat, sans la puissance militaire, et que celle ci tire pour l’ordinaire une plus grande efficacité des alliances ou des relations politiques.

Or le principe universel qui doit guider l’usage de la force militaire, et diriger toutes les relations politiques, n’est pas un principe différent de celui qui décide de la moralité des actions particulieres ; car les peuples considérés comme tels, n’ont pas d’autre intérêt que les hommes pris en particulier : c’est une vérité claire, précieuse et trop oubliée ; ne pas diminuer la masse des biens, mais l’accroître de plus en plus, voilà le [66] seul, le véritable intérêt continuel de tous.

Si vous employez votre savoir, votre émulation, vos moyens uniquement à maintenir, ou à augmenter cette masse générale des biens, cette somme totale des jouissances : vous ne faites mal à personne, vous opérez votre bien-être, celui de plusieurs autres, le bien général de l’humanité.

Si vous les employez à détruire, à usurper ou empêcher l’accroissement de la masse générale des biens, la somme totale des jouissances ; vous faites votre propre mal, celui de plusieurs hommes, le mal général de l’humanité.

La puissance tutélaire, soit politique, soit militaire, n’a donc pas d’autre but que la justice civile et criminelle. Son objet est d’empêcher les usurpations, de conserver les propriétés et les libertés, afin de maintenir ou même d’augmenter de plus en plus la somme des biens qui font la prospérité du genre humain.

[67] C’est pour cela qu’on range dans le même ordre tous les hommes qui sont employés à ces fonctions de l’autorité garantissante, c’est-à-dire les Magistrats, les Militaires, les Ministres politiques, depuis le premier grade jusqu’au dernier, dans chacune de ces trois especes de mandataires du souverain, qui forment tous ensemble le second ordre, qu’on appelle de protection.