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ANTOINE.

(A) M. Antoine son neveu.... le rappela de son exil. ] Il y a quelques difficultés touchant le temps de ce rappel, qui seront examinées dans la remarque (B) de l’article de Fulvie.

ANTOINE (Marc), l’un des triumvirs [* 1], connu ordinairement en français sous le nom de Marc Antoine sans queue, était petit-fils de Marc Antoine l’orateur, et fils de Marc Antoine le Crétique. M. Moréri a parlé amplement de lui ; c’est ce qui fait que je n’en parlerai point. Les faussetés que j’ai recueillies sur ce chapitre pourront trouver place, ou dans l’article de Fulvie, ou ailleurs.

La seule chose que je veux dire ici de ce triumvir, est qu’il publia un traité touchant son ivrognerie (A).

  1. * Chaufepié a consacré un long article à Marc Antoine le triumvir.

(A) Il publia un traité touchant son ivrognerie. ] C’est un fait, dont les écrivains modernes ne parlent guère : il est néanmoins fort notable, et il se trouve dans Pline [1] : Tergilla Ciceroni M. F. binos congios simul haurire solitum ipsi objicit : Marcoque Agrippæ à temulento scyphum impactum. Etenim hæc sunt ebrietatis opera. Sed nimirùm hanc gloriam auferre Cicero voluit interfectori patris sui M. Antonio. Is enim ante eum avidissimè apprehenderat hanc palmam, edito etiam volumine de suâ ebrietate : quo patrocinari sibi ausus, approbavit planè (ut equidem arbitror) quanta mala per temulentiam terrarum orbi intulisset. Exiguo tempore ante prœlium Actiacum id volumen evomuit : quo facilè intelligatur ebrius jam sanguine civium, et tantò magis, eum sitiens. Je m’étonne que Plutarque n’ait rien dit d’une telle singularité, et que Suétone n’en fasse nulle mention.

  1. Plinius, lib. XIV, sub fin., cap. ult.

ANTOINE (Caïus), frère du précédent, servit sous Jules César dans la guerre contre Pompée, et fut contraint de se rendre aux ennemis, faute de vivres, avec les troupes qu’il commandait dans l’Illyrie [a]. Après la mort de César, et pendant qu’il était préteur, et que Marc Antoine son frère était consul, il fut envoyé dans la Macédoine pour y apporter l’arrêt du sénat qui donnait à Marc Antoine le gouvernement de cette province. Mais quelque diligence qu’il eût faite, il fut primé par Brutus, et il tomba même entre ses mains [b]. D’abord Brutus le traita honorablement, et lui laissa les marques de sa préture ; mais quand il se fut aperçu que Caïus Antoine tâchait de lui débaucher l’armée, il le mit sous bonne garde, et puis il le fit mourir lorsqu’il eut appris les proscriptions du triumvirat, le meurtre de D. Brutus, celui de Cicéron, etc. Marc Antoine, après la bataille de Philippes, ayant Hortensius en son pouvoir, l’immola aux mânes de son frère. Cicéron parle quelquefois de C. Antoine dans ses Philippiques, et toujours en mal [c].

  1. Glandorp. Onomastic., pag. 80, ex Cæsare, Lucani Pharsal. libro IV, Eutropio.
  2. Il fut pris par Hortensius, qui le livra à Brutus.
  3. Glandorp. Onomastic. ex Plutarcho, in M. Antonio, etc.

ANTOINE (Lucius), frère du précédent, eut les défauts de son frère le triumvir, sans en avoir les bonnes qualités. Il ne manquait pas pourtant de courage. Il était tribun du peuple, l’année de la mort de César,