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ANTOINE.

Ωμολόγησε συγγνώμην ἔχειν δεηθείς [1]. Petitâ veniâ id quod erut confessus est. Plutarque ne représente pas bien le caractère de cet homme : il le fait libéral ; il fallait le faire prodigue. Salluste ne s’y est pas trompé : M. Antonius perdundæ pecuniæ genitus, vacuusque curis nisi instantibus [2]. Ne dissimulons point que Cicéron nie ce que l’opinion commune attribuait à ce Marc Antoine. On disait qu’il n’écrivait rien ni de sa recette, ni de sa dépense : Audimus aliquem tabulas nunquàm confecisse : quæ est opinio hominum de Antonio falsa, nam fecit diligentissimè [3].

  1. Id., ibid., pag. 916, A.
  2. Sallust., in Fragm. Historic., lib. III, pag. 446.
  3. Cicero, Orat. I in Verrem, cap. XXIII.

ANTOINE (Caïus), frère du précédent, eut une conduite assez déréglée, de sorte que lui et son frère aîné furent mieux les dignes oncle et père du triumvir, que les dignes fils de celui qui leur donna la vie. Ce Caïus Antoine porta les armes sous Sylla, pendant la guerre de Mithridate, et fit beaucoup de concussions dans l’Achaïe ; ce qui, avec d’autres sujets de blâme qu’on eut à alléguer contre lui, fut cause qu’ensuite les censeurs le dégradèrent du sénat. Il ne laissa pas de devenir consul, préférablement à Catilina, l’un de ses compétiteurs ; mais il parvint à ce grade avec beaucoup moins de gloire que Cicéron, qui, malgré les complots qu’avaient faits lui Caïus Antoine, et Catilina, pour l’exclure, fut déclaré consul d’un consentement unanime, au lieu que Caïus Antoine ne l’emporta sur Catilina que de quelques voix [a]. Ce fut sous ce consulat qu’éclata la conjuration de Catilina, contre laquelle Cicéron se porta avec un grand zèle. Son collègue eut le commandement de l’armée qu’on envoya contre Catilina, et remporta une victoire complète par son lieutenant général Pétréius ; car, pour lui, une maladie feinte ou véritable l’empêcha de se trouver au combat. Dion prétend qu’elle était feinte, et qu’Antoine, craignant que Catilina ne révélât des secrets fort importans contre lui, ne commanda point en personne [b]. Après la victoire, il mena ses troupes dans la Macédoine, et fut battu par les Dardaniens. Il gouverna cette province pendant trois ans, avec tant de violence et tant d’exactions, que le sénat, indigné de sa conduite, lui envoya un successeur. À son retour à Rome, il fut accusé par Marcus Cœlius ; et, quoique Cicéron eût entrepris sa défense, il fut convaincu et banni. Quelques-uns croient qu’il passa quinze ans dans l’île de Céphalonie, et que Marc Antoine, son neveu, qui se trouva fort puissant à Rome lorsque les assassins de Jules César en furent sortis, le rappela de son exil (A). Il mourut quelque temps après, accablé d’années et de chagrins, et ne laissa qu’une fille, qu’il vit répudier par son mari Marc Antoine le triumvir, peu après les noces, sous prétexte de galanterie avec Dolabella [c].

  1. Ascon. Pedianus in Orationem Ciceronis in togâ candidâ, contra Anton. et Catilin. in fin. pag. 153.
  2. Dio, lib. XXXVII, ad annum Romæ 692.
  3. Voyez la remarque (G) de l’article Fulvie, et Glandorpii Onomastic., pag. 75, 76.