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ANTONIO.

bon goût et son jugement : il y rapporte la pensée d’un écrivain espagnol, indicem libri ab autore, librum ipsum à quovis alio conficiendum esse. On fait tout le contraire : les auteurs se déchargent sur le dos d’autrui de la peine de composer les tables alphabétiques, et il faut avouer, que ceux qui ne sont pas laborieux et dont le talent ne consiste qu’en un grand feu d’imagination, font bien de laisser composer à d’autres l’indice de leurs ouvrages ; mais un homme de jugement et de travail réussira mieux aux tables de ses écrits, qu’un étranger. Il y a cent bons conseils à donner sur la composition de ces tables : on a raison de croire qu’elles sont l’âme des livres.

(B) Il ne prétendait pas toucher... certaines fables pieuses. ] Je me trompe peut-être, car M. Baillet en parle ainsi : Sa critique est fort saine et fort solide en plusieurs endroits, surtout quand il s’agit des traditions fabuleuses des premiers catéchistes qui ont planté la foi en Espagne, et de ces faux historiens que l’imposture nous a produits pour la séduction des Espagnols, et dont notre savant auteur nous a promis une critique particulière [1]. Cela me rendrait plus décisif, si je ne trouvais à la suite de ces paroles de M. Baillet cette autre remarque : On pourrait néanmoins le soupçonner d’avoir été un peu trop indulgent pour quelques opinions communes et vulgaires qui sont abandonnées des critiques qui ont le meilleur goût. Quoi qu’il en soit, on ne peut révoquer en doute qu’il n’ait voulu abolir l’autorité de tous les auteurs supposés dont son titre fait mention [2]. Il ne serait pas le premier qui aurait écrit sur ce ton-là ; car voici ce que j’ai lu dans les feuilles de M. l’abbé de la Roque : Depuis un siècle, on a osé y fabriquer (il parle de l’Espagne) et publier de fausses chroniques, pour se jouer de la crédulité des savans, ou des simples. Cela, bien loin de diminuer, relève la gloire de M. le marquis d’Agropoli, lequel a si bien frondé et exterminé le Dexter, qui est la plus ancienne de ces fausses chroniques, dans ses Dissertationes Ecclesiasticas, por el honor de los antiguos tutelares, contra las fictiones modernas, imprimées à Sarragosse, en 1671 [3].

(C) Le cardinal d’Aguirre.… a eu la générosité de se charger des frais de l’impression de deux volumes de sa Bibliothéque des auteurs espagnols. ] Il était l’ancien ami de l’auteur, et il avait étudié avec lui dans l’académie de Salamanque. La république des lettres lui doit être extrêmement obligée des frais qu’il a faits pour l’impression d’un tel livre, qui comprend deux volumes in-folio. Ils ont été imprimés à Rome, et ont paru en 1696. Vous en trouverez de bons extraits dans le Journal des Savans [4], et dans celui de Leipsick [5]. Voici le titre de l’ouvrage : Bibliotheca Hispana vetus, sive Hispanorum qui usquàm unquàmve scripto aliquid consignaverunt Notitia, complectens scriptores omnes qui ab Octaviani Augusti imperio usque ad annum M. D. floruerunt : auctore Nicolao Antonio, Hispalensi jurisconsulto, ordinis sancti Jacobi equite, patriæ ecclesiæ canonico, regiorum negotiorum in urbe et romanâ curiâ procuratore generali, demùm Matriti consiliario regio. Opus posthumum. Nunc primùm prodit jussu et expensis eminentissimi et reverentissimi Domini D. Josephi Saenz, cardinalis de Aguirre.

(D) Les jésuites se sont plaints de la Bibliothéque Espagnole de don Nicolas Antonio. ] Un imprimé [6] qui a pour titre : Calumnia convicta, seu Epistola familiaris Cleandri ad clarissimum et eruditissimum virum Evaristum, super memoriali nuper porrecto, hispano idiomate ad regem catholicum à patre Joanne de Palazol societ. Jesu, nomine et jussu Thyrsi Gonzales ejusdem soc. generalis præpositi, et qui est daté de Dilingen, le 25 de juin 1698, m’apprend que les jésuites ont représenté au roi d’Espagne que l’une des cinq propositions de Jansénius a été louée comme ca-

  1. Baillet, Jugemens des Savans, tom. II, pag. 154.
  2. Voyez la remarque (D), à la fin.
  3. Journal des Savans, du 13 janvier 1687, pag. 11. Voyez la remarque (D), à la fin.
  4. Aux mois de juin et juillet 1697.
  5. Acta Eruditor. Lipsiens, mensium junii et julii, 1697.
  6. De 27 pages in-12.