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APROSIO.

beaux esprits touchant l’Adonis du cavalier Marin (B), ou choses semblables (C). Peut-être se plaisait-il naturellement à la recherche de différentes allusions, où à mettre en peine ceux qui aiment à ôter le masque à un auteur déguisé. Il aimait assez lui-même cette occupation (D). Quoi qu’il en soit, si vous consultez les auteurs qui nous ont donné le catalogue des écrivains de Ligurie [a], vous trouverez par le titre de ses ouvrages qu’il se donnait mille faux noms, tantôt celui de Masoto Galistoni, tantôt celui de Carlo Galistoni, tantôt celui de Scipio Glareano, tantôt celui de Sapricio Saprici, tantôt celui d’Oldauro Scioppio, etc. On dit qu’on trouve sa Vie dans l’ouvrage intitulé La Biblioteca Aprosiana. Plusieurs auteurs lui ont donné de grands éloges, et quelques-uns ont passé peut-être les limites de la raison [b]. Il fut agrégé, entre autres académies, à celle de gli Incogniti de Venise, comme il paraît par le livre intitulé Le Glorie de gli Incogniti, overo gli Huomini illustri dell’ Accademia de’i Signori Incogniti di Venetia (E), où l’on voit son éloge assez amplement. Il était encore en vie, l’an 1680, lorsqu’Oldoïni publia son Athenæum Ligusticum.

  1. Raffael Soprani et Michel Justiniani, en 1667 ; Augustin Oldoïni, en 1680.
  2. Magnifica ejus ét planè invidenda elogia adferuntur à Gregorio Lecti, ltaliâ regnante, part. IV, lib. III, pag. 377. Polyhist. Morhofii, pag. 38. Voyez aussi pag. 14.

(A) Il a publié un livre touchant la bibliothéque des augustins de Vintimiglia qui est fort recherché des curieux. ] M. Morhof avait fort ouï parler de ce livre ; mais il ne savait pas qu’on l’eût imprimé. Il en fait mention en divers endroits de son Polyhistor. [1], publié l’an 1688, et toujours comme un homme qui croyait que cet ouvrage n’était point encore sorti de dessous la presse. Il est néanmoins certain que la Biblioteca Aprosiana fut imprimée à Bologne, l’an 1673, et que Martin Fogelius [2], professeur à Hambourg, en avait un exemplaire, comme M. Morhof avait pu le voir dans le Catalogue des livres de ce professeur ; car il cite ce Catalogue [3], qui fut imprimé l’an 1678. Voilà ce que M. Placcius observe dans son Invitatio amica, publiée à Hambourg, l’an 1669. Il ajoute qu’il a fait mention de cet ouvrage d’Aprosio dans ses Pseudonymes [4], et il nous renvoie aux notes sur le catalogue de Rhodius [5]. En effet, il nous apprend à la page 150 de ses Pseudonymes, qu’il savait par une lettre de M. Magliabecchi à Martin Vogelius, qu’Aprosio, déguisé sous le nom de Cornelio Aspasio Antivigilmi tra i vagabondi di Tabbia detto l’Aggirato, avait publié un livre in-12, l’an 1673, intitulé Biblioteca Aprosiana, passa tempo autonnale. Dans les notes sur le Catalogue de Rhodius on révoque en doute ce que Scavenius avait dit, qu’Aprosio avait composé un livre intitulé Bibliotheca Apocryphorum, où il restituait beaucoup d’ouvrages à leurs véritables auteurs [6]. On doute de cela, parce que l’on n’a point vu dans les listes des ouvrages d’Aprosio cette Bibliotheca Apocryphorum, mais seulement Bibliotheca Aprosia. Or, on croit qu’il aura été facile à Scavenius de métamorphoser Aprosia en Apocripha. Il est un peu étrange que le père Oldoïni n’ait point fait mention de la Bibliotheca Aprosiana, passa tempo autonnale, puisqu’il n’a publié son Æthenæum Ligusticum qu’en l’année 1680. Il est bien vrai qu’il met entre les écrits d’Aprosio, Biblioteca Aprosiana et Antiquitates Abintimillienses ; mais c’est d’une manière très-propre à nous per-

  1. Pag. 38, 59, 144.
  2. Ou Vogelius.
  3. Polyhist., pag. 37.
  4. Num. LXXIV.
  5. Pag. 27, 28.
  6. Voyez la remarque (D).