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APROSIO.

suader que cet ouvrage n’était point encore imprimé. M. Tessier, en 1686, a laissé plus de sujet d’être en doute que de décider quelque chose [1]. M. Morhof remarque que M. Leti cite un auteur qui a cité le IIe. tome de la Bibliothéque Aprosienne : Producit idem Leti ex abbate Libanoro, pag. 379, locum quo tomus secundus Bibliothecæ Aprosianæ citatur, quo multi continentur ab Hieron. Savanorolâ manuscripti libri [2].

Cette citation de M. Leti est fort juste : et par-là, et par d’autres considérations, je suis fort persuadé que M. Morhof n’allègue point sur la foi d’autrui l’Italia regnante, mais qu’il l’avait lue lui-même. D’où vient donc qu’il ne sait pas que la Biblioteca Aprosiana fut imprimée à Bologne, chez les Manolessi, l’an 1673, in-12 ? M. Leti ne l’affirme-t-il pas positivement dans la page 377 de la IVe. partie de son Italia regnante, et ne cite-t-il pas d’assez longs passages de ce livre d’Aprosio ? Il ajoute que l’auteur, ayant raconté sa vie jusqu’à la page 262, nomme après cela, jusqu’à la page 666, divers auteurs qui lui avaient donné leurs ouvrages [3] ; et que ce premier volume contient seulement les écrivains dont les noms commencent, ou par la lettre A, ou par la lettre B, ou par la lettre C [* 1]. Il croit que les volumes suivans seront imprimés bientôt ; mais on l’avait assuré que le second ne l’était pas, d’où il conclut que le père Libanori, qui le cite, n’en avait vu que le manuscrit [4]. Cet ouvrage de M. Leti fut imprimé l’an 1676.

(B) Il n’osait peut-être mettre son nom à ses écrits sur les différens touchant l’Adonis du cavalier Marin. ] Le cavalier Stigliani ayant publié le livre de l’Occhiale, ou de la lunette, qui est une censure piquante de l’Adonis, se vit attaqué de toutes parts [5]. On s’aperçut alors combien l’Italie était infatuée de l’Adonis : on courut à cette querelle comme au feu ; mais parmi tant de gens qui prirent la plume pour le cavalier Marin, personne ne témoigna plus de zèle pour l’Adonis, ni plus de feu contre les ennemis de ce poëme, que le père Aprosio de Vintimiglia, ermite de saint Augustin [6]. Il publia l’Occhiale Stritolato di Scipio Glareano per risposta al signor cavaliere Fra Tomaso Stigliani [7] ; La Sferza Poetica di Sapricio Saprici, lo scantonata Accademico Heteroclito per risposta alla prima censura dell’ Adone del cavalier Marino, fatta dal cavalier Tomaso Stigliani [8] ; Del Veratro, Apologia di Sapricio Saprici, per risposta alla seconda censura dell’ Adone del cavalier Marino, fatta dal cavaliere Fra Tomaso Stigliani. Cet ouvrage est divisé en deux traités [9] : ce fut un ellébore donné en deux prises. Il avait écrit contre le même Stigliani, Il Vaglio Critico di Masoto Galistoni da Terama sopra il Mondo nuovo del cavalier Fra Tomaso Stigliani da Matera [10] ; Il Buratto, Replica di Carlo Galistoni al Molino del sig. Carlo Stigliani [11].

Notez que Masoto Galistoni da Terama est l’anagramme de Tomaso Stigliani da Matera, et qu’au lieu de mettre au titre, in Trevigi, per Girolamo Righettini, on mit in Rostock, per Willermo Wallop, parce que ce Righettini était un libraire de peu de nom. L’Aprosio raconte cela dans les pages 112 et 113, du Biblioteca Aprosiana [12].

  1. * La Biblioteca Aprosiana est, dit la Biographie universelle, comme divisée en deux parties : la première contient différentes particularités de la vie de l’auteur, et la seconde, une table alphabétique des personnes qui lui avaient fait présent de quelque livre avec le titre entier du livre, accompagné le plus souvent de circonstances curieuses et quelque fois intéressantes ; mais cette table ne contient que les trois premières lettres de l’alphabet. La traduction latine publiée par J. C. Wolf, Hambourg, 1734, in-8o., ne contient que la seconde partie, et non tout l’ouvrage, comme Joly le donne à entendre.
  1. Teissier, Catalog. Auctor. Bibliothec., etc., pag. 18.
  2. Morhof. Polyhist., pag. 38.
  3. Narrando la sua Vita con l’inserirvi varie curiosià intorno ad amici suoi. Leti, Ital. regn., parte IV, pag. 378.
  4. Là même, pag. 379, 380.
  5. Voyez Baillet, Jug. sur les Poët., tom. IV, pag. 198.
  6. Là même, pag. 200.
  7. Imprimé à Venise, en 1641.
  8. Imprimé à Venise, en 1643.
  9. L’un imprimé en 1645, l’autre en 1647, à Venise.
  10. Imprimé à Trévise, en 1637.
  11. Imprimé à Venise, en 1642.
  12. Leti, Italia regnante, parte IV, pag. 360.