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AQUIN.

mentarium in Plutarchum de virtute morali  ; mais je n’ai point trouvé assez de clarté dans les expressions de Paul Jove, pour oser me déterminer à ce sens-là : j’ai mieux aimé me tenir dans une idée plus vague. Voici le latin de cet auteur : Nemo ex his qui illustribus orti familiis ætate nostrâ claruerunt.….. Andreâ Matthæo Aquavivio... se luculentiùs optimis disciplinis exornavit ; utì præclarè constat eo libre nobili pariter ac erudito qui Encyclopædia inscribitur, et de moral virtute Plutarchi plenior liber subtuli et copioso commentario persimilis ostendit [1]. Cela semble signifier une paraphrase fort travaillée de ce traité de Plutarque.

Depuis la première édition de ce Dictionnaire j’ai eu occasion de découvrir que Paul Jove s’est mal exprimé ; car voici le titre de l’ouvrage de notre Aquaviva, dans l’édition de Naples en 1526, in-folio : Commentarii in translationem libelli Plutarchi Chæronei de virtute morali... liber primus. Le titre de l’édition d’Allemagne, en 1609, in-4o, est plus long : Illustrium et exquisitissimarum disputationum libri quatuor : quibus omnes divinæ et humanæ sapientiæ, præsertìm animi moderatricis, musicæ atque astrologiæ arcana in Plutarchi Chæronei de virtute morali præceptionibus recondita summo ingenu acumine retecta patefiunt, et figuris suo quæque illustrantur, etc. Le Toppi, dont j’emprunte ceci [2], ni Léonard Nicodemo, ne font aucune mention de l’ouvrage intitulé Encyclopædia.

(C). Il fut fort loué et fort honoré des hommes de lettres. ] Alexander ab Alexandro lui dédia ses Jours géniaux. Pontanus lui dédia son Ier. livre de Rebus cœlestibus, et son traité de Magnanimitate. Sannazar l’a loué délicatement sur ce qu’il était, comme on l’a dit depuis de M. de Montauzier,

Favori de Pallas, quelque nom qu’on lui donne,
Ou celui de Minerve, ou celui de Bellone.


Voyez la dernière élégie du IIe. livre sur la fin, et la Ile. Épigramme du IIe. livre. Pour ce qui est de l’Épigramme XLIV du même livre, je doute qu’elle soit à la louange de notre Aquaviva, comme l’a cru l’auteur des Notes sur Sannazar [3] : elle s’adresse ad Neritinorum Ducem qui, selon le témoignage de Paul Jove, était Bellisaire Aquaviva, frère d’André-Matthieu. La Ire. Élégie du IIIe. livre ne se rapporte point non plus, ce me semble. à ce dernier ; mais à Jules Aquaviva son père. Voyez dans l’auteur que je cite le nom de plusieurs écrivains qui ont célébré notre André-Matthieu [4].

(D) Son frère Beilisaire devint aussi auteur. ] Il fit un traité de Venatione, qu’il dédia à André-Matthieu son frère ; un autre, de Aucupio ; un autre, de Principum liberis educandis ; un autre, de Re militari ; et un autre, de singulari Certamine. Ces ouvrages, imprimés premièrement à Naples, in-folio, l’an 1519, furent réimprimés à Bâle, in-8o, l’an 1578, par les soins de Leonclaw, avec le Manuel palæologue de l’éducation royale.

  1. Paul. Jovius, Elog., cap. LXIII, pag. 158.
  2. Toppi, Bibliot. Napolet., pag. 14.
  3. Notæ in Sannaz., pag. 188.
  4. Notæ ad Sann. Elegias, pag. 188, edit. Amstel., an. 1689.

AQUIN (Philippe d’) en latin Aquinas ou Aquinius, s’est acquis beaucoup de réputation par la connaissance de l’hébreu, qu’il enseignait à Paris sous le règne de Louis XIII, et par les ouvrages qu’il publia (A). Il était originaire d’Aquino, dans le royaume de Naples [a], et de la venait son nom ; mais il était né dans le pays d’Avignon [* 1]. Il se convertit du judaïsme, et il eut une pension du clergé de Fran-

  1. * Leclerc dit qu’il naquit à Carpentras, Son nom était Rabbi Mardocai. Chassé de la synagogue d’Avignon en 1610, à cause de son penchant au christianisme, il se réfugia dans le royaume de Naples, et se fit baptiser à Aquino. En ayant pris le nom il en changea la terminaison lorsqu’il vint en France quelques années après. Il y est mort vers 1650.
  1. Je ne sais cela que par ouï-dire.