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AQUIN.

ce [a]. Il est fait mention de lui dans le procès du maréchal d’Ancre (B). Siméon de Muis lui a donné bien des louanges (C) : Valérien de Flavigni, au contraire, en a dit du mal (D). Il y a eu un Louis Henri d’Aquin, contemporain de celui-là, et fort versé comme lui dans les langues orientales. Je ne sais s’il était son fils [* 1] ou son frère [b]. Il traduisit quelque chose d’hébreu en latin (E). Il avait aussi été juif, et il fut aussi pensionnaire du clergé. Antoine d’Aquin, qui a été premier médecin de Louis XIV, était petit-fils de Philippe.

  1. * Leclerc dit qu’il était son fils. Né en 1600, il fut père d’Antoine.
  1. Voyez l’épître dédicatoire de son Interprétation de l’Arbre de la Cabale.
  2. M. Colomiés croit qu’il était son fils.

(A) Il s’est acquis beaucoup de réputation par les ouvrages qu’il publia. ] En voici la liste : Dictionarium Hebræo-Chaldæo-Thalmudico-Rabbinicum, imprimé à Paris, l’an 1629, in-folio. Les Racines de la Langue Sainte, ad formam Cubi Hutteriani, à Paris, en 1620, in-16 ; la traduction en italien des Apophthegmes des anciens docteurs de l’église judaïque, recueillis par le rabbin Siméon, fils de Gamaliel ; l’Exposition des treize [* 1] manières dont les anciens rabbins se sont servis pour expliquer Le Pentateuque [1] ; l’Interprétation de l’Arbre de la Cabale, enrichi de sa figure tirée des anciens auteurs hébreux, à Paris, aux dépens de l’auteur, en 1625, in-8o. ; Discours du Tabernacle et du Camp des Israëlites, à Paris, chez Th. Blaise, en 1623, in-4o ; Explications littérales, allégoriques et morales du tabernacle que Dieu ordonna à Moïse, des habits des prêtres, et de la façon qu’on consultait le Rational en la loi ancienne, ensemble de la forme des sacrifices judaïques ; le tout curieusement recueilli et fidèlement traduit des plus savans et anciens auteurs hébreux : avec un discours du Camp des Israëlites, et la description des pierreries du Rational du grand prestre ajoutés à la fin pour la seconde édition revue par l’auteur, à Paris, aux dépens de l’auteur en 1624, in-4o ; Bechinas Olam, ou l’Examen du monde, de Rabi Jacob ; sentences morales des anciens Hébreux, et les treize modes desquels ils se servaient pour interpréter la Bible, à Paris, chez Jean Lacquehay, en 1629, in-8o ; Phil. Aquinatis, hebraïcæ linguæ profess. Lachrymæ in obitum illustriss. cardinalis de Berulle, Parisiis, apud Joannem Bessin, 1629, in-8o.

(B) Il est fait mention de lui dans le procès du maréchal d’Ancre. ] La chose est trop singulière, pour ne devoir pas être rapportée : « Item, est vérifié par informations, mesme par la déposition de Philippes Dacquin, ci-devant juif, et aujourd’hui chrétien, lequel Conchine et sa femme ont mandé à Moulins, où estoit icelui Dacquin, chez le lieutenant criminel [2], que Conchine et sa femme se sont aidez de la cabale et des livres des juifs. Estant à noter ce qu’a déposé ce Dacquin, que Conchine, en la présence de sa femme, auroit osté un pot de chambre pour l’impureté, et emporté hors l’image du crucifix, de peur d’empeschement à l’effet que Conchine et sa femme prétendoient tirer de la lecture de quelques versets du psalme 51 Miserere meî en hebrieu : laquelle lecture ils vouloient faire faire par Dacquin en la forme qu’elle leur avoit esté faite quelquefois par Montalto. »

(C) Siméon de Muis lui a donné bien des louanges. ] Voici ce qu’il dit sur le verset 14 du psaume XXXV : Cùm hìc hærerem dubius, Philippus Aquinas, à judæo christianus, vir raræ et exquisitissimæ in hebraïcis

  1. * Leclerc remarque que ce livre, écrit en latin, ne fut pas, comme le dit le père Lelong dans sa Bibliotheca sacra, publié sous le nom du père Arnoux, confesseur de Louis XIII, mais dédié à ce jésuite.
  1. Imprimée à Paris, l’an 1610, in-4o.
  2. Peut-être y était-il précepteur de Gilbert Gaulmin, qui a reconnu qu’il avait été disciple de Philippe d’Aquin. Integrum MS. librum, dit-il, ad libros de Vitâ et Morte Mosis, pag. 305, ex Philippi Daquin Præceptoris olim mei κειμηλίοις descripsimus.