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ARÉTIN.

Volaterran, écrivain presque contemporain, fait mention à la fin de son XXIe. livre. Outre ses compositions de droit, ses traductions de saint Chrysostome, des épîtres de Phalaris, et de celles de Diogène le Cynique, on lui attribue un Traité des Bains de Poussol, dont il n’est pourtant pas auteur, et qu’il n’a fait que dédier au pape Pie II, par une lettre assez mal conçue. Il avait aussi composé un livre de la Vie et des Mœurs de saint Antonin, archevêque de Florence. Philelphe, lettre XII du livre XVII, parle de cet ouvrage avec éloge. Dans le XXVIIe. livre des Lettres du même Philelphe il y en a six qui s’adressent Francisco Arretino, Equiti aurato ac jureconsulto, alors professeur en droit dans l’université de Sienne. Il lui donne dans la plupart de ces lettres de grandes louanges, sur lesquelles il y avait bien à rabattre. Quasi dubitandum sit, lui dit-il dans la première, minùs tibi esse apud florentissimam istam Remp. secunda omnia, qui vir in omni eruditionis ac sapientiæ genere præstantissimus sis, atque eâ virtute præditus quâ non modò ex hominibus hujusce tempestatis nemini cedis, sed potes jure cum universâ antiquitate de laude contendere. Par la troisième, datée du 8 mars 1468, il paraît que Francois d’Arezzo avait alors un peu plus de cinquante ans ; raison dont il se servait pour se dispenser du mariage. Sur quoi Philelphe lui dit fort gaillardement : Nam quòd ais sentire te debilitatas tibi esse corporis vires, cùm sis quinquagenarius, aut paulò ampliùs, id nullâ tibi causâ accidit aliâ, quàm quòd ætatis robur remiseris, ut quo tempore tendendus erat arcus, tum eum tu maximè relaxaveris. Quòd si eam servasses mediocritatem, quam et philosophi probant, et ego secutus sum, consuluisses tu sanè et posteritati et tibi. Dans la IVe. du XXVIIIe., il lui demande des nouvelles de ses études : Cæterùm cupio ex te nôsse quid rerum agas ? Non enim satis tuo præstanti ingenio, singularique doctrinæ esse duco, quòd doceas leges et jus civile, nam hæc jam tibi nullius sunt industriæ, cujus memoria divina est potiùs quam humana. Majora quædam te arbitror meditari, nec enim in eodem semper versaris ludo, itaque fieri non potest, quin aliquid novi semper cudas excudasque. Dans la Ve., il le prie de lui faire copier en parchemin l’Histoire d’Ammien Marcellin. Dans une lettre du XXIXe. livre, il lui propose de faire recevoir à Sienne, aux gages de la république, Démétrius Castrenus de Constantinople, pour enseigner le grec à la jeunesse. Dans une autre lettre du XXXIe. livre, il lui donne avis du dessein qu’avait le sénat de Venise de le tirer de Sienne, et de lui offrir une chaire à Padoue : Ad hæc ego, ajoute-t-il, contra locutus sum, et quæ vera esse novi, et quibus te delectari existimavi, quippè qui non essem oblitus quæ mecum nuper cùm ad octobrem Senæ fuissem, et de temperamento corporis tui, et de istius cœli, quantum ad te attinet, intemperie locutus fueras. Ce qu’il y a de surprenant est que dans la même lettre il dit que François d’Arezzo est ennemi du style barbare : Nec illud sanè prætereundum censui, Appianum Alexandrinum esse jam ab me magnâ ex parte latinum factum, quoniam tu nullâ barbariæ linguâ delectaris. Est-ce donc à l’usage de ce temps-là qu’il faut attribuer les expressions barbares de François d’Arezzo dans ses écrits sur le droit ? Il y a, ce semble, lieu de croire qu’il les affectait exprès, de peur qu’en voulant passer pour un écrivain plus poli, il ne fût estimé moins habile jurisconsulte. J’ai parcouru quelques-uns de ses conseils qui sont la barbarie même. On s’est fort moqué du CXLIIe., où, en conséquence de l’accord fait entre François Sforce, duc de Milan, et Louis de Gonzague, marquis de Mantoue, qu’au cas que Dorothée, fille du marquis, se trouvât sans difformité de bosse, ou d’autre défaut, à l’âge de quatorze ans, le mariage s’en ferait avec Galéas, fils du duc, il soutient que le duc était en droit de demander la visite par des médecins qui verraient et toucheraient la princesse à nu partout où il appartiendrait, suivant l’exigence du cas. Il paraît cependant que cette visite, toute fâcheuse qu’elle était