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ARÉTIN.

Tales homines non verbis aut scriptis castigandi sed legibus et pœnis sunt coërcendi. Sed hac de re aliàs plura [* 1].

Quant à la seconde partie du texte de cette remarque, lisez ce qui suit, et vous admirerez l’exactitude et l’étendue des recherches de l’habile homme que je cite [1]. « Il est difficile de marquer le temps précis de la première édition des Ragionamenti, tant parce qu’elle est devenue si rare, qu’il est comme impossible d’en trouver des exemplaires, que parce que les Dialogues, qui composent les deux parties de cet ouvrage, ne parurent pas tous en même temps. La première partie précéda l’autre de quelques années ; et ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elles étaient toutes deux imprimées en 1537 ; les épîtres dédicatoires de l’une et de l’autre partie étant insérées dans l’édition du Ier. volume des lettres de l’Arétin, à Venise, in-folio, par Francesco Marcolini, en la même année. Le titre de ces Ragionamenti a varié. L’auteur, dans l’épître dédicatoire de la IIe. partie de ces Entretiens, appelle la première i tre Giorni di capricci, et même simplement Dialogo, car c’est ce qu’il entend par ces paroles : eccovi il Dialogo, lesquelles ne se trouvent pourtant pas dans cette même épître insérée parmi les lettres du Ier. volume, où il y a encore une autre variation considérable, qui est qu’après ces mots e per non difraudare il mio grado, tout ce qui suit, jusqu’à e lo sà Milano come cadde inclusivement, est entièrement omis ; au lieu de quoi il y a usaro le parole cadute de la sacra bocca del magno Antonio da Leva, l’Aretino è più, etc. Quelquefois, au lieu de Dialogo, il dit tout au long, comme dans l’épître à son singe : Il Dialogo de la Nanna e de la Antonia. Quelquefois, comme dans son Dialogue della Corte, par la Nanna, il entend la première partie des Ragionamenti, et par la Pippa, la seconde. Dans une lettre du 15 mai 1537, à Francesco da l’Orme, il désigne les deux parties par i due Dialoghi, de même que les désigne aussi Anton. Francesco Doni par Dialoghi due delle Donne [* 2]. Il est constant que ces Dialogues n’ont jamais été intitulés Ragionamenti par leur auteur. Ce n’est que depuis l’édition de 1584 qu’ils portent ce titre. Le véritable était Capricci. Périon le reconnaît dans son invective contre l’Arétin. Scripsit enim, dit-il, atque edidit nefarium librum quemdam, quem Capricium, à caprarum lasciviâ et libidine inscripsit. Et plus bas, Galli plerique jam Italicè sciunt, quo quidem sermone istius Capricius aliique libri scripti sunt. Le Bandel se méprend lorsque, dans la XXXIVe. de ses Nouvelles, page 235 de la Ire. partie, il dit que la Zanina lisait la Nanna, ce sont ses mots : o sia Raffaella de l’Aretino. La Nanna, en effet, et la Raffaella sont deux ouvrages différens, et de différens auteurs, Par la Nanna, on doit entendre la première partie des Ragionamenti de l’Arétin ; par la Raffaella, le Dialogue de Madonna Raffaella et de Margareta, intitulé della bella Creanza delle Donne, qui apprend aux femmes à faire des galans. Il est d’Alessandro Piccolhuomini, sous le nom de Stordito Intronato, qui était son nom d’académicien. Cette citation de la Nanna, par le Bandel, sert pourtant à faire voir que la Ire. partie des Ragionamenti paraissait tout au moins dès l’an 1535, puisque sur la fin de cette même nouvelle, où est citée la Nanna, il est fait mention du Bernia comme alors vivant, lequel constamment, quoique M. Baillet le mette après des poëtes qui sont morts en 1606, mourut au mois de mai de l’an 1535 : Il Bernia vicario poëta d’Aretino mori apopletico, dit Paul Jove dans

  1. * Joly rapporte le titre et des passages de la harangue de Périon contre Arétio. Voici le titre de cette pièce que Bayle n’avait pas vue : ad Henricum (II) Galliæ regem clarissimum ac potentissimum, cæterosque christianæ religionis principes, Joachimi Perionii, benedictini Cormæriaceni in Petrum Aretinum oratio, Paris, N. de Guinguant 1551, in-8, de 71 pages non chiffrées, et réimprimé à Cologne, 1561, in-8.
  2. (*) Libraria del Doni, part. I, pag. 39 tournée.
  1. M. de la Monnoie, Remarques manuscrites.