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ARIARATHES. ARIGONI. ARIMANIUS.

nous trouverons mal fondé ce jugement de Volaterran ; nous verrons qu’Argyropyle s’attacha plus servilement aux paroles qu’aux pensées d’Aristote, et que ses versions ne peuvent passer ni pour fidèles, ni pour élégantes. Voici les paroles de ce professeur : Superiori seculo, quidam verba verbis ità admensi sunt, ut sententiam depravârint, non aliter quàm indocti pictores, qui operosi in cultu effingendo, membra secundùm vestem distorquent : quùm Apelles Parrhasiique priùs nudum corpus efformare, quàm amictum superinducere soleant. In quorum numero Argyropylum reponas et Ruffinum, alterum interpretem Aristotelis, alterum Gregorii Nazianzeni, de quibus ferè id hemistichii dici potest : Dant sine mente sonum. Fit autem illud vel ex inscitiâ, vel ex κακοζηλίᾳ quùm enim sententiam apprehendere nequeunt, verba reddunt, quasi quod ipsi non intellexerint, alius ex illorum verbis intelligere queat, cùm verba non minùs ex sententiâ vim suam et significatum accipiant, quàm sententiam constituant. Aliqui rursùs fidem existimant à numero verborum non discedere [1]. Quelques savans hommes prétendent qu’on accuse là Argyropyle de s’attacher mot à mot à l’original, et s’il ne peut pas prendre la pensée et le sens de son auteur, d’avoir recours à un circuit de paroles qui ne disent rien [2]. Je doute que ce soit exactement ce que Nannius a voulu dire. M. Huet se conforme au jugement que M. de Thou a rapporté [3] ; et, par conséquent, il condamne celui de Volaterran. Il condamne aussi Paul Jove, qui a préféré les versions de Gaza à celles d’Argyropyle ; et il déclare que si celui-là est plus éloquent, celui-ci est plus fidèle : Non efficies quin major quidem eloquentiæ laus Gazæ, accuratè autem interpretandi Argyropylo debeatur [4]. Voyez ci-dessus la remarque (B) de l’article de (Donat) Acciaioli, et admirez la diversité de ces jugemens.

  1. Petrus Nannius, Alcmarianus, in Collegio Bustidiano apud Lovanienses Latinus Professor, Συμμίκτων, lib. I, cap. III, pag. 6.
  2. Voyez M. Baillet, Jugem. des Savans, tom. IV, num. 814, pag. 355.
  3. Huetius, de Claris Interpretibus, pag. 239.
  4. Idem, ibid.

ARIARATHES, nom de plusieurs rois de Cappadoce. Voyez l’article de Cappadoce.

ARIGONI (Pompée), cardinal et archevêque de Bénevent, était né à Rome, l’an 1552. Pendant qu’il était du nombre des avocats consistoriaux, il plaida les affaires de Philippe II, roi d’Espagne. Il harangua sous le pontificat de Sixte V, pour montrer qu’il fallait canoniser le bienheureux Diègue d’Alcala. Il fut fait auditeur de Rote, l’an 1591, et cardinal, en 1596 ; et il exerça la charge de dataire sous Léon XI, et sous Paul V. L’archevêché de Bénévent lui fut conféré par ce dernier pape. Il mourut le 4 d’avril 1616, à la tour des Grecs, auprès de Naples, où il s’était retiré pour changer d’air. Son corps fut porté à Bénévent, où ses neveux lui firent faire un tombeau de marbre dans l’église métropolitaine. Outre la harangue dont j’ai parlé, qui a été imprimée par Pierre Galesini [a], on a des lettres latines de notre Pompée, parmi celles de Jean Baptiste Lauri. Pour ce qui est de ses Décisions de la Rote, elles ne sont qu’en manuscrit dans les cabinets de plusieurs savans. Charles Carthari lui donne beaucoup d’éloges dans sa liste des avocats consistoriaux [b].

  1. In Libello pro Canonizatione B. Didaci Complutensis. Vide etiam Franciscum Pegna, in Vità ejusdem Didaci.
  2. Ex Bibliothecâ Romanâ Prosperi Mandosii.

ARIMANIUS, l’une des principales divinités des Perses. Cette nation devait sa philosophie à Zoroastre, dont les manichéens