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ARISTÉE.

fils, il fut consulter l’oracle d’Apollon ; qu’en vertu de la réponse qui lui fut faite touchant les honneurs qu’il recevrait dans l’île de Céa, il s’y transporta (C) ; que, la peste ravageant toute la Grèce, il offrit des sacrifices qui firent cesser ce mal ; qu’ayant laissé sa famille dans l’île de Céa, il repassa en Libye, d’où, avec la flotte que sa mère lui donna, il fit voile vers la Sardaigne (D) ; qu’il y choisit une habitation, qu’il cultiva ce pays avec un grand soin ; qu’il en bannit la barbarie et l’état sauvage ; qu’il visita quelques autres îles ; que l’abondance des moissons, et la multitude des bestiaux, l’obligèrent à s’arrêter quelque temps dans la Sicile, où il enseigna aux habitans ses beaux secrets ; qu’en reconnaissance, ils l’honorèrent comme un dieu et principalement ceux qui cultivaient les oliviers ; qu’enfin il passa en Thrace ; qu’il y fut admis par Bacchus aux mystères des orgies, et que, dans la familiarité qu’il eut avec lui, il apprit beaucoup de choses profitables à la vie humaine ; qu’ayant demeuré quelque temps proche du mont Hémus, il disparut ; et que non-seulement les peuples barbares de ce pays-là, mais aussi les Grecs, lui décernèrent les honneurs divins [a]. C’est faussement que M. Moréri observe que Diodore de Sicile fait mention d’un autre Aristée dans le chapitre LXXXIV du IVe. livre, car ce chapitre et le précédent contiennent ce que je viens de narrer. Je suis surpris qu’on n’y voie rien de l’Arcadie, qui fut l’une des principales stations d’Aristée (E). Vous verrez dans les remarques les variations des auteurs, la fausseté de quelques censures, et telles autres particularités ; et je n’oublierai pas la découverte astronomique que l’on donne à Aristée (F), ni son culte pour la canicule, ni sa fille Macris (G). On a dit que, pour les services qu’il avait rendus au genre humain par la connaissance qu’il avait de tous les arts profitables, les dieux le placèrent entre les étoiles, et qu’il était l’Aquarius du zodiaque [b]. Les conformités de son histoire avec celle de Moïse ont été curieusement et doctement étalées par M. Huet [c]. Presque tout ce que Lloyd a joint à Charles Étienne dans cet article, a été tiré mot à mot du commentaire de la Cerda [d] : il ne le cite pas pourtant.

  1. Tiré de Diodore de Sicile, liv. IV, chap. LXXXIII, LXXXIV.
  2. Voyez le Comment. de Germanic. in Aratea Phænomena, cap. de Aquario, pag. 118.
  3. Huet. Demonstr. Evang., propos. IV, cap. VIII, num. 17, pag. 110.
  4. In lib. IV Georgic. Virgilii.

(A) Il était fils d’Apollon et de Cyrène. ] C’est la tradition générale ; et il y en a bien peu dans les sujets mythologiques, qui soient plus constantes que celle-là. Cependant Cicéron en allègue une autre : les Grecs assurent, dit-il, qu’Aristée est fils de Bacchus. Il ajoute qu’on l’honorait en Sicile, dans le temple de cette divinité. Quid ? il s’adresse à Verrès, ex æde Liberi simulacrum Aristei non tuo imperio palam ablatum est ? .... Aristæus, qui, ut græci ferunt, Liberi filius, inventor olei esse dicitur, unà cum Libero patre apud illos eodem erat in templo consecratus [1]. Dans un autre livre, il s’arrête à l’opinion

  1. Cicero, in Verrem, Orat. IX, cap. LVII.