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ARNAULD.

ris ; et Pierre Arnauld, le plus jeune des douze frères, et celui qui se distingua le plus dans la profession des armes. Il fut maréchal des camps et armées du roi Louis XIII, gouverneur du Fort-Louis, et colonel du régiment de Champagne. C’est celui dont le sieur de Pontis fait une si honorable mention : il ne craint point de l’égaler aux plus fameux capitaines qui aient jamais été parmi les Grecs et les Romains. Il dit que c’était l’homme du monde qui savait le mieux l’ancienne discipline militaire, et qui la faisait le mieux observer par les soldats, et qu’ils l’aimaient jusqu’à l’adoration. Isaac Arnauld, dont il a été parlé ci-dessus, fut père d’un autre Isaac Arnauld, qui fut gouverneur de Philisbourg, et mestre-de-camp des carabins, un des plus braves hommes, et des plus beaux esprits de son siècle : il est célèbre dans les écrits de Voiture. Sa sœur fut mariée à Manassé de Feuquières, qui commandait l’armée du roi devant Thionville, l’an 1639 [a].

  1. Tiré d’un Mémoire communiquée à l’auteur du Mercure Galant, et inséré au mois de décembre 1693.

(A) Il fut attiré à Riom, avec plusieurs autres personnes de mérite, par Pierre de Bourbon, comte de Beaujeu. ] On montre encore dans Riom les maisons des Montboissier, Montmorin, Chazeron, Florat, Chasteaugay » Mariliac, Dubourg, Duprat, Forget, et Robertet, qui tous furent les principaux officiers et favoris du comte et de la comtesse de Beaujeu, et du connétable de Bourbon, leur gendre, par qui ils furent tous avancés dans la suite aux premières dignités de l’épée et de la robe [1]. Voilà par quel cas fortuit il est arrivé que tant d’Auvergnats ont paru à la cour de France, dans les postes les plus sublimes, sous Charles VIII, Louis XII, et Francois Ier. La comtesse de Beaujeu les avait tirés de leur province, et leur avait mis la fortune en main. Sans elle, ils seraient morts dans l’obscurité, leurs grands talens ne seraient jamais sortis hors de terre. Concluez de là que la gloire particulière d’une province, en certains temps, ne dépend que de ces sortes de patronages. Vous trouverez un supplément de ceci dans la suite du Ménagiana, aux pages 304 et 305 de l’édition de Hollande.

(B) Il était intime ami de Robertet… et il répondit à sa générosité par une autre. ] Voici ce que c’est. Florimond de Robertet, quittant Montbrison sa patrie, fut s’établir dans Riom, et devint secrétaire du comte de Beaujeu. Il le gouvernait absolument, comme il gouverna ensuite l’esprit de Charles VI, à qui la régente le donna, et celui de Louis XII, après la mort du cardinal d’Amboise, et enfin celui de Francois Ier., dont il fut secrétaire d’état. Il aimait si fort Henri Arnauld, que, lorsqu’il quitta Riom, pour s’établir à la cour de Charles VIII, il y amena tous ses enfans, hormis Jeanne de Robertet sa fille aînée, qu’il laissa à Riom entre les mains de la femme de Henri Arnauld, exprès afin qu’ils la mariassent avec Jean Arnauld leur fils aîné, quand elle serait en âge. Mais les tuteurs ne trouvèrent pas leur fils un parti assez bon pour elle ; ainsi ils la marièrent au plus riche jeune homme de Riom, nommé Amable de Ceriers, fils d’une Mariliac [2].

(C) Il était correcteur des comptes, et contrôleur général des restes. ] Depuis la première édition de cet ouvrage, j’ai reçu un petit mémoire écrit par un des premiers généalogistes de l’Europe. J’y ai trouvé ce qui suit : « Antoine Arnauld, sieur de la Mothe et de Villeneuve, procureur du roi en la sénéchaussée d’Auvergne à Riom, solliciteur général des restes du parlement en 1568 et 1570, puis auditeur des comptes à Paris, et procureur général ensuite de Catherine de Médicis, fut

  1. Tiré d’un Mémoire inséré dans le Mercure Galant du mois de décembre 1693, pag. 42.
  2. Tiré du même Mémoire.