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ARNAULD.

ami ; mais il voulut répondre à cette générosité par une autre (B). Il laissa deux fils, Jean et Antoine. Le premier mourut sans enfans : il se donne, dans les registres baptistaires de la ville de Riom, en 1542, la qualité de commandeur de Hermant. Antoine Arnauld, son cadet, a continué la postérité. Il épousa en premières noces Marguerite Mosnier-Dubourg, proche parente du chancelier de ce nom, sœur du fameux Anne Dubourg conseiller au parlement, et de Jean Dubourg lieutenant criminel de Riom. Il n’eut qu’un fils de ce mariage, savoir Jean de la Motte-Arnauld, dont parle M. de Thou dans son histoire avec tant d’éloge, qui, à la tête d’une compagnie de cavalerie dont il était capitaine, s’enferma dans la ville d’Issoire, qui tenait pour le roi contre la ligue, et en soutint long-temps le siége avec les seigneurs de Chabanes et de Chazeron ; après quoi, il fit une vigoureuse sortie, à la tête de trente maîtres, et tua de sa propre main le comte de Randam [a], chef de la ligue en Auvergne. Cette mort fit lever le siége, et fut cause du gain de la bataille qui se donna ensuite, et qui assura toute l’Auvergne à Henri IV, le même jour et la même année qu’il gagna la bataille d’Ivry. Le père de ce Jean Arnauld suivit d’abord le parti des armes. Il leva une compagnie de chevau-légers, et se trouva en diverses occasions. Mais Catherine de Médicis, le connaissant capable et fidèle, le fit son procureur général, et procureur du roi au présidial de Riom, qui en ce temps-là avait plus de quarante lieues d’étendue [b]. Il se distingua fort dans ces deux charges. Il prend dans tous les actes qui restent de lui la qualité de seigneur de la Motte, de Chantegrenelle, de Fontainebleau, de Pessac, et de Bonnefilles, qui sont des fiefs et des châteaux à une demi-lieue de Riom. Il épousa en secondes noces Anne Forget, fille du premier maître d’hôtel du connétable de Bourbon [c]. Il vécut jusqu’à l’âge de cent et un ans, et mourut à Paris, où la reine Catherine de Médicis l’avait appelé. On l’enterra dans l’église de Saint-Sulpice, à la première chapelle qui y ait été bâtie, dont il était le fondateur. Le titre de la fondation porte qu’il avait une charge de correcteur des comptes, et de contrôleur général des restes (C), et qu’il était seigneur de Corbeuille, près de Paris. De son second mariage sortirent douze enfans mâles [d], et entre autres Antoine Arnauld, dont je parlerai à part ; Isaac Arnauld, qui fut intendant des finances ; David Arnauld, capitaine, tué au siége de Jerzeau ; Louis Arnauld, général des finances à Riom ; un autre Louis Arnauld, secrétaire du roi à Pa-

  1. Madame de Senecey, gouvernante du roi, était sa fille.
  2. Les présidiaux de Guéret, de Clermont et d’Aurillac n’en avaient pas été démembrés encore.
  3. M. Forget, secrétaire d’état sous Henri IV, et président à mortier, était de la même famille.
  4. Dans le Discours historique de la Vie de M. Arnauld, docteur de Sorbonne, pag. 2, édition de Liége, en 1702, on ne donne que huit fils, de deux lits, à Antoine Arnauld.