Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
434
ARNOLDUS.

théologie (B) ; et je n’oublierai pas les livres qu’il a donnés au public (C).

(A) Les louanges qu’on lui donna déterminèrent aisément une demoiselle... à l’épouser. ] C’est ce que nous apprend l’auteur de son oraison funèbre. Fecit paulò post, dit-il [1], tanta omnium laus, ut nobilissima in Frisiis virgo remigia à Nitzen facilis in conjugales ejus rueret amplexus, anno 1645. Cette demoiselle fut louable de préférer aux richesses la belle réputation et le mérite. On a d’autres exemples d’un choix de cette nature, car il est certain que plusieurs ministres, soutenus du seul éclat de leur éloquence ou de leur savoir, sont parvenus à des mariages lucratifs, et d’autre côté bien avantageux par le rang de la famille où ils prenaient une épouse. À quoi pouvait aussi contribuer l’espérance très-plausible, que de tels sujets seraient élevés tôt ou tard aux chaires de distinction, aux chaires considérables par les gages annuels. Quoi qu’il en soit, l’épouse de notre Arnoldus mérite d’être louée. Elle mourut au commencement de l’année 1652, et ne laissa point d’enfans. Il se remaria l’an 1653 à la veuve d’un avocat de Leeuwarden, nommée Anne Pybinga, fille d’un bourgmestre de Franeker, laquelle lui donna neuf enfans, cinq fils [2] et quatre filles, et lui survécut. Il n’y avait en vie que trois fils et une fille lorsqu’il mourut [3].

(B) Il a fait quelques voyages depuis sa promotion au professorat en théologie. ] Il alla voir ses parens à Lesna, l’an 1652, et passa un mois agréablement chez son oncle maternel Martin Gertichius, ministre du lieu, et célèbre par divers ouvrages. Il fit un autre voyage, l’an 1656, à la suite des quatre ambassadeurs extraordinaires que les États-Généraux envoyèrent au roi de Suède et au roi de Pologne. Leurs excellences voulurent l’avoir pour prédicateur, et furent très-satisfaites des sermons qu’il prononça en flamand, ou en allemand, ou en polonais, selon les rencontres. Ce voyage dura deux ans. Arnoldus se fit beaucoup estimer pendant ce temps-là, par le chancelier de Pologne Étienne Corycinski, par le grand-maréchal de Suède Jean Oxenstiern, par le général des troupes Douglas, et par l’électeur de Brandebourg, qui lui offrit la place de prédicateur aulique. Il fut député à Heidelberg l’an 1666, pour engager M. Spanheim à accepter une profession en théologie dans l’académie de Franeker, et il revint sans avoir obtenu cela.

(C) Je n’oublierai pas les livres qu’il a donnés au public. ] Je ne dirai rien de la diligence avec laquelle il rassembla et mit en ordre les ouvrages de Maccovius, qu’il fit mettre sous la presse, ni de la version, qu’il composa et qu’il publia, d’un livre anglais de Jérémie Dykius [4] ; mais je coterai sa Réfutation du Catéchisme des sociniens, son Anti-Bidellus, son Anti-Echardus, son Livre contre Brevingius, son Apologie pour Amesius contre Erbermann défenseur de Bellarmin, ses Disputes théologiques sur des matières choisies, son Commentaire sur l’Épître aux Hébreux, son Lux in tenebris, et ce qu’il a publié contre Jean Amos Comenius. Lisez, touchant ces ouvrages-là, ce passage de son Oraison funèbre : Quis est qui non... prædicet Raccovianæ Catecheseos, in quâ religionis dicam an impietatis socinianæ plenissimum est compendium, curatissimam refutationem, quæ supra fidem impiis seductoribus molesta, doctis grata est ? Cujus non laudem meretur tum Anti. Bidellus, quo pneumatomachi furorem, et fatuam Comenii [5] lucem extinxit ; tum Anti-Echardus, cujus conquisitum et malè colligatum fasciculum ità dissolvit, ut dissolutarum scoparum hactenùs retinuerit nomen ? Imò quem non in mille detorsionum tenebris ineffabiliter delectat doctissimarum illa vindiciarum lux, quam publico toties recusam dedit, et cujus ope tuta ecclesia errorum evitat devia ?

  1. Merckius, in Orat. funebri N. Arnoldi, pag. 28.
  2. Le 2e. et le 3e. étaient jumeaux. Voyez le Programme du recteur de l’académie. Il est imprimé au devant de l’Oraison funèbre.
  3. Tiré de ce Programme, et de l’Oraison funèbre.
  4. Dykii Translata Eucharistica. Marckius, in Orat. funeb. Arnoldi, pag. 35.
  5. Je cite un écrit d’Arnoldus contre Comenius dans les remarques (D), (I), etc. de l’article Comenius.