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ASPASIE. ASTYANAX.

Mithridate n’avait pas encore fait la guerre au peuple romain, si l’on veut bien suivre l’exactitude des termes. Ceci montre que M. Moréri pourrait bien s’être abusé en assurant qu’Asclépiade était en estime à Rome du temps de Pompée-le-Grand, … c’est-à-dire, lorsque ce grand homme y était le premier de la république. Ne met-il pas la naissance de ce Pompée au dernier jour de septembre de l’an 648 de Rome ? Comment accordera-t-il cela avec le passage de Cicéron, où il est parlé d’Asclépiade ? Je sais bien qu’il se peut couvrir de l’autorité de Pline, et que Jonsius lui fournirait un second témoin ; mais qui lui a dit que Pline soit plus croyable que Cicéron ? Qui lui a dit que Jonsius ne se trompe pas ? Asclepiades medicus quidam (voilà un quidam mal employé : cet Asclépiade est trop célèbre pour mériter une épithète si méprisante [1], Prusiacus in Bithyniâ philophysicus cognomine sub Pompeio M. vixit, teste Strabone, lib. XII [2]. Je n’ai trouvé au XIIe. livre de Strabon, si ce n’est qu’Asclépiade de Pruse était médecin [3]. Le père Hardouin attribue à Strabon, qu’il cite l. XII. p. 566, la même chose que Jonsius [4]. 5°. L’Asclépiade dont Plutarque fait mention dans la vie d’Isocrate n’était point un poëte tragique [5], comme l’assure M. Moréri.

(H) Il y eut un autre Asclépiade, médecin célèbre, sous l’empire d’Hadrien. ] Il était de la même ville que le précédent [6], et il fleurit sous Trajan, sous Hadrien et sous Antonin : il fut affranchi par un certain Calpurnius, et il obtint la bourgeoisie romaine, et plusieurs autres prérogatives. Une inscription nous apprend toutes ces choses : voyez les lettres de Reinesius [7]. Il composa plusieurs livres sur la composition des remèdes tant internes qu’externes [8].

  1. Conférez ce qui a été dit ci-dessus au commencement de la remarque (F) de l’article d’Antoine Arnauld, le docteur.
  2. Jonsius, de Script. Hist. Philosoph., pag. 207.
  3. Strabo, lib. XII, pag. 390.
  4. Harduin., in Indice Autor.
  5. Voyez la remarque précédente.
  6. De Pruse en Bithynie.
  7. Epist. Reinesii ad Hofmannum et Rupertum, pag. 394.
  8. Ibidem, pag. 395.

ASPASIE de Milet, maîtresse de Périclès. Nous donnerons son histoire dans la remarque (O) de l’article de Périclès.

ASPASIE de Phocée, maîtresse du jeune Cyrus. Nous donnerons son histoire dans la remarque (C) de l’article de ce prince.

ASTYANAX, fils unique d’Hector et d’Andromaque (A), donna de l’inquiétude aux Grecs au milieu de leurs victoires, quoiqu’il ne fût encore qu’un enfant. Les vents contraires les empêchant de s’en retourner chez eux après la ruine de Troie, Calchas déclara qu’il fallait précipiter Astyanax du haut en bas des murailles ; parce que, s’il devenait grand, il ne manquerait pas de venger la mort de son père, et d’être plus brave encore que lui. Là-dessus, Ulysse se mit à le chercher ; et l’ayant trouvé, nonobstant les soins qu’avait pris sa mère de le cacher, il le jeta en bas des murailles [a]. D’autres disent que ce fut Ménélas qui fit cette exécution [b]. D’autres l’attribuent à Pyrrhus tout seul, sans dire que les Grecs, ou Calchas, l’eussent jugée nécessaire [c]. Quoi qu’il en soit, les poëtes, et les faiseurs de romans ont bien su le ressusciter, ou plutôt le faire échapper de la main des Grecs (B).

  1. Servius, in Æneïd., lib. III, vs. 489.
  2. Idem, in Æneïd., lib. II, vs. 457.
  3. Pausan., lib. X.

(A) Il était fils unique d’Hector et d’Andromaque. ] Homère le dit expressément ; car il ne faut point douter que ceux qui traduisent Ἐκτορίδην ἀγαπητὸν [1], par fils unique d’Hec-

  1. Homer., Iliados lib. VI, vs. 401.