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AULNOI. AURAT. AURÉLIEN.

ne se vendent plus. Il ne pourrait pas les continuer sans soutenir la dépense de l’impression, et il ne peut pas la soutenir. Cet inconvénient ne se trouve pas dans une communauté riche et puissante comme celle des jésuites.

On va contrefaire, à Amsterdam, cette édition ; on la donnera en plus petits caractères, et on la vendra à beaucoup meilleur marché que celle de Paris [1]. On avait dessein d’y répandre les notes critiques d’un savant homme qui se cache sous le nom de Joannes Phereponus [2] ; mais je viens d’apprendre qu’on a changé de dessein, et que ces notes critiques seront imprimées à part, avec le commentaire de Louis Vives sur l’ouvrage de Civitate Dei, etc. On a eu peur de rebuter les catholiques romains : c’est pourquoi on leur laissera une entière liberté d’acheter ou de n’acheter pas des notes suspectes. Elles seront dans un tome séparé, sans lequel on vendra toutes les œuvres de saint Augustin, exactement conformes à l’édition de Paris, à tous ceux qui ne voudront pas se charger du reste.

  1. Voyez M. Bernard Nouvelles de la République des Lettres, mois de mars 1699, pag. 358.
  2. Là même.

AULNOI (Marie-Catherine le Jumel de Berneville, comtesse d’), si connue par ses écrits (A), fut mariée à François de la Motte, comte d’Aulnoi. Elle en était veuve, lorsqu’elle mourut au mois de janvier 1705. Sa mère, qui s’était remariée en secondes noces à feu M. le marquis de Gadaigne, est morte à Madrid, où elle jouissait d’une pension considérable que le roi Charles II lui avait donnée, pour un grand service qu’elle avait rendu à l’état, pendant qu’elle était à Rome. Philippe V lui conserva cette pension. La comtesse d’Aulnoi a laissé quatre filles [a].

  1. Mercure Galant, janv. 1705, page 244 et suivantes.

(A) Elle est fort connue par ses écrits. ] Le premier qui parut, est intitulé Voyage d’Espagne. Elle y avait suivi la reine d’Espagne, première femme de Charles II. Ses autres ouvrages sont Mémoires de la Cour d’Espagne, qui ont été imprimés trois fois en France, et une fois en Hollande ; Mémoires de la Cour d’Angleterre ; Hippolyte, comte de Duglas ; Histoire de Jean de Bourbon, prince de Carency ; le Comte de Warvik. Ce sort autant de petits romans qui se sont fait lire. Elle a aussi donné plusieurs contes de Fées, et une Paraphrase sur le Miserere [1].

  1. Mercure Galant, janvier 1705, pag. 247 et suivantes.

AURAT, D’AURAT (Jean), en latin Auratus. Voyez Daurat.

AURÉLIEN (Lucius Domitius [a]), empereur de Rome au IIIe. siècle, a été l’un des plus grands guerriers de l’antiquité. On ne sait pas bien où il naquit (A), mais on demeure d’accord que son extraction était assez basse, et que sa mère, qui se mêlait de deviner, était prêtresse du Soleil [b]. Il était de belle taille, bel homme, très-robuste, et d’un génie extrêmement vif [c]. Il aimait le travail, le vin, et la bonne chère [d], mais non pas les femmes [e] ; il observait exactement la discipline, et il la faisait observer avec la dernière sévérité (B). On vit en lui une chose très-admirable, c’est qu’il demeura pauvre au milieu d’un très-grand nombre de belles charges qui lui furent conférées (C). Il avait une si forte passion de dégaîner, que les sol-

  1. L’empereur Claude, en lui écrivant, ne le nomme que Aurelianus. Vopiscus, in Aurel., cap. XVII.
  2. Vopisc., in Aurelian., cap. XIV.
  3. Ibidem, cap. IV et VI.
  4. Ibidem, cap. IV.
  5. Ibidem, cap. VI.