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ANDRADA.

pas loin sans trouver un exemple de ce que je dis. Les querelles de M. Des Marets et de M. Voëtius furent extrêmement violentes, et durèrent près de trente ans, tout autant que la guerre d’Allemagne, qui finit à la paix de Munster.

(C) Des Marets ne put jamais déterrer son vrai nom. ] Il y employa inutilement ses conjectures, et les recherches de ses amis ; de sorte que, se lassant d’une chasse si infructueuse, il prit le parti de laisser son adversaire sous le masque. Quis sit ille larvatus Petrus ab Andlo, Batavus... ut nec hactenùs conjecturâ assequi, nec amicorum diligentiâ rescire potui ; ità nolo ampliùs inquirere. Voilà comme il parle au commencement de son Clypeus orthodoxiæ. Ses amis, répandus partout, et faisant envers lui les bons valets avec plus de zèle que de discernement, comme il arrive presque toujours à ceux qui passent pour le fléau des novateurs, lui firent accroire qu’il y avait en Zélande un ministre nommé Petrus ab Andlo, marié à la fille de Coccéius. Il publia cette nouvelle à telle fin que de raison ; mais ayant su que le gendre de Coccéius s’appelait Anselaer, il lui fit faire ses excuses : Apud R. D. Anselaer curavi me honestè excusari quòd id mihi excidisset ex relatione honesti cujusdam R. viri, etiam in Cartesianismum.….. pronioris, cui non erat cur ultrò asserenti fidem detrectarem [1]. Il dit quelque part que le bruit courait que trois personnes avaient travaillé à la défense de Wittichius, et qu’ils avaient publié leur travail sous le feint nom de Petrus ab Andlo [2]. Nous verrons si M. Placcius ou M. Baillet seront plus heureux que moi à démasquer ce pseudonyme, que je crois être Regnier de Mansvelt, professeur en philosophie à Utrecht [* 1].

  1. * Dans Placcius (n°. 166, a) on rapporte les propres paroles de Bayle, sans indiquer l’auteur de l’ouvrage dont il s’agit ici.
  1. Vindic. Vindiciarum, pag. 6.
  2. In Judicio de Theologiâ Pacificâ Wittichii.

ANDRADA (Diego de Payva d’) en latin Andradius, savant portugais, natif de Conimbre, se signala dans le concile de Trente, où le roi Sébastien l’avait envoyé comme l’un de ses théologiens [a]. Il prêcha devant l’assemblée le second dimanche après Pâques 1562. Il ne se contenta pas des services qu’il rendit en expliquant les matières sur quoi on le consulta, il voulut encore employer sa plume à la défense des canons de ce concile. C’est ce qu’il fit dans l’ouvrage qui a pour titre, Orthodoxarum Explicationum Libri X [b]. Il répond là en particulier à un écrit que Chemnice avait publié contre la doctrine des jésuites (A), avant la clôture du concile de Trente : et comme Chemnice prit cette occasion de faire un très-gros ouvrage qu’il intitula, Examen Concilii Tridentini, Andradius se crut obligé de maintenir son premier écrit contre ce docte adversaire (B). Il composa donc un livre, que ses deux frères publièrent après sa mort à Lisbonne, l’an 1578, et qui a pour titre, Defensio Tridentinæ fidei Catholicæ quinque libris comprehensa, adversùs hæreticorum calumnias, et præsertim Martini Kemnitii. Ces écrits d’Andradius ont été réimprimés plusieurs fois [c], et néanmoins sont si rares à Paris, que M. Pellisson ne put les trouver dans toute la rue Saint-Jacques (C). Il n’y a guère d’auteur catholique qui ait été plus cité que

  1. Palavic. Hist. Concil. Trident., lib. XIX, cap. XVI, num. 7.
  2. Imprimé à Cologne, en 1564. Le premier de ces dix livres, qui est une Apologie des Jésuites, fut imprimé en français, à Lyon, en 1565. Du Verdier, Biblioth. Française, pag. 266.
  3. Ex Nicolai Antonii Biblioth. Hispan., tom. I, pag. 236.