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ANDLO.

thée. Petrus ab Andlo publia fort promptement sa réplique, intitulée Animadversiones ad vindicias dissertationis quam Samuel Maresius edidit de abusu philosophiæ cartesianæ. S’il avait été emporté dans sa première dissertation, il le fut encore plus dans la seconde ; mêlant néanmoins, comme la première fois, plusieurs goguenarderies parmi les traits de sa colère. Il nia fortement qu’il connût Spinoza, qu’il l’eût jamais vu, ni qu’il approuvât ses sentimens [a]. M. Des Marets reçut un second écrit de Petrus ab Andlo le 19 décembre 1670, et le réfuta avec tant de promptitude que sa duplique fut achevée le 3 de janvier suivant [b]. Elle est intitulée Samuelis Maresii Clypeus orthodoxiæ, sive vindiciarum suarum priorum pro suâ dissertatione de abusu philosophiæ cartesianæ.... vindiciæ posteriores, etc. L’auteur déclara qu’il n’écrirait plus contre cet homme de néant (A) ; mais qu’il serait toujours prêt d’entrer en lice pour la vérité avec un adversaire savant et honnête, qui n’aurait point honte de se nommer. Il tint sa parole ; car il laissa sans repartie le troisième écrit de Petrus ab Andlo, intitulé Specimina Bombomachiæ Samuelis Maresii se defendentis clypeo orthodoxiæ, ceu vindiciis vindiciarum dissertationis de abusu philosophiæ cartesianæ. Ainsi finit une dispute qui vérifia le proverbe, nullum violentum durabile, d’ailleurs faux assez souvent dans les guerres d’érudition (B). M. Des Marets ne put jamais déterrer le véritable nom de son adversaire (C). Il parut en 1673 un petit livre in-4o., intitulé Danielis ab Andlo, Petri filii, Κατήγορος ἀδελφῶν ἐλεγχόμενος, sive ad clarissimi theologi Samuelis Maresii Tractatum brevem de studio theologico Notæ breves.

Notez qu’il y a un vrai Andlo parmi les auteurs [c]. Il était d’Alsace, docteur en droit canonique, et chanoine de Colmar [d]. Les deux livres qu’il composa de Imperio romano, Regis et Augusti inauguratione, etc., deque Officio et Potestate electorum, etc., furent publiés à Strasbourg, avec des notes, l’an 1603, par Marquard Freher [* 1].

  1. * Cet Andlo fut, dit la Biographie universelle, recteur de l’université de Bâle en 1471. La bibliothéque de Bâle conserve quelques-uns de ses manuscrits. Son traité de Imperio, etc., a été réimprimé en 1612, in-4o.
  1. Spinozam non novit Petrus, nec vidit, nec audivit, nec absurda ejus dogmata probat. Animadvers. ad Vindicias, pag. 7.
  2. Vindic. Vindiciarum Dissertat. sub fin.
  3. Petrus de Andlo.
  4. Mich. Hertzius, Biblioth. Germ., num. 224.

(A) Des Marets déclara qu’il n’écrirait plus contre cet homme de néant. ] Le terme dont il se sert est le même que celui que l’Écriture emploie contre les dieux des Gentils, en les nommant des dieux de fiente. Animo non ulterius hanc serram cum hoc stercoreo homine reciprocandi [1]. In antecessum me protestari nihil ampliùs mihi futurum negotii cum hoc hominis sterquilinio et infami nebulone quem pudet suî ipsius [2].

(B) Le proverbe Nullum violentum durabile est faux assez souvent dans les guerres d’érudition. ] Nous n’irons

  1. Mares. Vindic. Vindiciaram Dissertat. sub fin.
  2. Idem, in Judico de Theologiâ Pacificâ Wittichii, sub fin.