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ANDRÉ.

[1], nequaquàm inficiandum aut dubitandum est quin mulieres consilium dure possint, quandoquidem (ô dignam historiam et digito ligandam) refert Joh. Calderinus, Canonist. famosissimus, quòd semel consuluit suam uxorem, an convivator teneatur horâ prandii mittere ad convivas ut veniant, quæ sapienter et tanquam altera Sibylla respondit, ad feminas et extraneos esse mittendum qui se facilè non ingerunt, sed non ad alios, nisi essent graves personæ. Johan. Calderin. in. c. ult. de Renunt. et post eum Ægid. Bell. in. c. quidam col. 3. vers. tertio quæro. eo. ti. et Panormit. in c. cùm inter universal. in fin. de elect. et de hoc etiam per Collect. in cap. à crapulâ, Ext. de vit. et hon. cleric. et Bal. in proœm. Gregor. col. 5. vers. quære, quidam scholaris. Ce qui me persuade le plus que Calderin se maria avec une fille de Jean André, est de voir qu’un Jean Calderin, qui fit réparer le tombeau de Jean André l’an 1501, l’appelle son quatrième aïeul, atavum ; et qu’il dit qu’un Jean Calderin était son troisième aïeul, abavus [2]. Je doute que les adoptions de ces derniers siècles aient fondé de tels degrés de parenté jusqu’à la cinquième génération ; et, franchement, je ne crois pas que si la demoiselle de Gournai eût laissé lignée, ses descendans se qualifiassent aujourd’hui dans une inscription publique, simplement et absolument, petits-fils ou arrière-petits-fils de Michel de Montaigne.

(F) Il avait écrit plusieurs livres. ] Son premier ouvrage fut une glose sur le VIe. livre des Décrétales. Il était bien jeune quand il le fit, et il le retoucha ensuite et l’augmenta. Il fit aussi des Gloses sur les Clémentines et puis un Commentaire sur les Décrétales, lequel il intitula Novellæ, par la raison que j’ai rapportée ci-dessus. Il fit un Commentaire in Regulas Sexti, qu’il intitula Mercuriales, ou parce qu’il y avait travaillé les mercredis, ou parce qu’il y avait inséré ses disputes du mercredi. Il augmenta le Speculum de Durant, en l’année 1347. Je ne parle point de quelques autres traités qu’il publia. C’est dommage qu’il ait tant suivi la méthode des Pyrrhoniens ; car il a prouvé fort solidement son opinion lorsqu’il a voulu le faire ; mais il l’a voulu rarement : il a mieux aimé rapporter ce que les autres disaient et laisser ses lecteurs au milieu de la dispute [3].

(G) On lui a donné de pompeux éloges. ] Il est appelé Archidoctor Decretorum dans l’épitaphe de sa fille Betine : on lui donne dans son épitaphe le titre de Rabi doctorum, Lux, Censor, Normaque morum. On prétend que le pape Boniface VIII le régala de l’éloge de Lumen mundi [4].

(H) On l’accuse d’avoir été un insigne plagiaire. ] La plupart de ses additions au Speculum de Durant furent prises mot à mot d’un livre d’Oldrade [5] ; de sorte que Balde, ayant découvert et indiqué ces larcins, ne put s’empêcher de le nommer voleur insigne du travail d’autrui, insignis alienorum laborum fur [6]. Cela était d’autant plus inexcusable, que dans ces mêmes additions il découvre et il indique quantité de voleries de Durant [7]. On l’accuse, outre cela, d’avoir volé le traité de Sponsalibus ac Matrimoniis, que Jean Anguissola, de Césène, avait composé [8].

(I) La petitesse excessive de sa taille fit bien rire les cardinaux. ] On dit que, quelques décrétales étant devenues suspectes de fausseté, l’académie de Bologne députa à Boniface VIII, Jacques de Castello, qui était un petit homme fort laid. Il entra, accompagné d’un grand nombre de personnes dans le consistoire. Le pape lui fit bien des honneurs et le croyant à genoux, il lui dit trois fois de suite de se lever [9]. Le député ne savait que dire, tant il était honteux. Il y eut un cardinal qui se mit à dire que c’était un autre Zachée ; ce qui fit rire tout le monde. Bien des gens soutiennent

  1. Hotman., adversùs Italo-Galliam Matharelli, pag. 214.
  2. Vide Panzirol., de cler. Leg. Interpret., lib. III, cap. XIX.
  3. Idem, ibid.
  4. Idem, ibid.
  5. Intitulé, Consilia.
  6. Panzirol., de clar. Legum Interpretib., lib. III, cap. XIX.
  7. Vide Thomasium, de Plagio litterario, num. 359, 414.
  8. Panzirol., de clar. Leg. Interp., lib. III, cap. XIX ; Doujatius, Prænotion. Canonicar. pag. 604.
  9. Voyez la remarque (I) de l’article Albert-le-Grand.