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MARESTS. MARETS.

l’autre étaient déjà morts. Mais ce prophète, sans s’embarrasser de cette difficulté, répondit gravement qu’il ne disputait jamais. Et sur cela il quitta cette princesse. Le sieur des Marests nous trouvera de même quelque réponse semblable sur les difficultés de sa prophétie ; et il nous dira qu’il a entendu la reine régente d’Espagne, qui agit au nom du roi. Car, de nous remettre à la majorité du roi d’Espagne, il y aurait de trop grands inconvéniens, puisqu’on ne saurait commencer trop tôt, quand il s’agit de conquérir tout le monde, et d’en achever la conquête durant sa vie [1]. »

(G) Je parlerai de son frère aîné dans une remarque. ] Il s’appelait Roland des Marests. Il naquit à Paris, l’an 1594, et s’attacha pendant quelque temps au barreau ; mais il se dégoûta du tumulte et des criailleries qu’il y entendait, et se consacra à une vie tranquille. Comme il ne se souciait ni d’amasser des richesses, ni de parvenir aux honneurs, il s’appliqua tout entier aux belles-lettres, et chercha sa félicité dans le sein des muses, et à l’ombre de son cabinet. A cupiditate gloriæ, reique studiosiùs augendæ desiderio prorsùs alienus, suæ animi conscientiæ testimonio ac domesticis copiis contentus, se modestè exhibere, quàm operosis fortunæ famæque bonis avidè captandis imminere maluit [2]. Il ne laissa pas de cultiver l’amitié des hommes doctes, et de conférer avec eux sur ses études. Il devint un très-bon critique ; de sorte que Nicolas Bourbon, son ami, homme d’un excellent goût, ne redoutait la censure de personne autant que celle de notre Roland [3]. Il publia quelques lettres en latin qui parurent parfaitement bien écrites, et de là vint qu’après sa mort on les joignit avec plusieurs autres qu’il avait faites depuis, et que l’on trouva parmi ses papiers. M. de Launoi prit ce soin avec MM. de Valois. Ils les publièrent à Paris, l’an 1655 [4]. On les a réimprimées en Allemagne, l’an 1687. Il ne fut jamais marié : il employa quelques heures de son loisir à l’éducation d’une nièce, qu’il trouva propre à l’étude : il lui apprit la langue latine et la langue grecque. Per otium Mariam Pratæam, sororis filiam, quæ in tenerâ ætate domestici vim ingenii et acumen haud obscurè exprimebat, latinis græcisque litteris non infelici successu informavit [5]. Il y eut toujours une étroite union entre lui et Jean des Marests son frère : sa santé fut assez bonne ; mais à force d’étudier il l’affaiblit tellement, qu’il tomba dans une langueur qui le mina peu à peu, jusqu’à ce qu’il rendit l’âme, à Paris, sur la fin du mois de décembre 1653 [6]. MM. de Port-Royal se prévalurent de l’approbation qu’il donna à leur Méthode latine, car ils firent imprimer à la tête de ce livre la lettre où est contenue cette approbation. C’est la XVIe. du Ier. livre.

Ce qu’on trouve concernant les lettres Rolandi Maresii dans les Mélanges d’Histoire et de Littérature de Vigneul-Marville [7], est curieux et judicieux.

  1. Là même.
  2. Petrus Hallæus, ubi infrà, citation (32).
  3. Tantùm existimationis in operibus aliorum examinandis sibi quæsiverat, ut eundem Borbonium, se sibi magis ab uno Maresio quàm à cæteris omnibus censoribus timere, sæpè affirmantem audiverim. Ibidem.
  4. Intitulées : Rolandi Maresii Epistolarum philologicarum, lib. II.
  5. Petr. Hallæus, ubi infrà.
  6. Tiré de son Éloge, composé par Pierre Hallé, et mis à la tête des Lettres latines de Rolandus Maresius.
  7. À la page 171 et 172 de la première édition de Rouen.

MARESTS (Roland des). Voyez la dernière remarque de l’article précédent.

MARETS (Samuel des), en latin Maresius, ministre et professeur en théologie, a été l’un des plus célèbres théologiens du XVIIIe. [* 1] siècle. Il naquit à Oi-

  1. * Leclerc se contente de dire que tout ceci est un : « article de flatterie pour des Marets et pour le parti calviniste, et rempli de traits malins et sans preuve contre les catholiques. » Leclerc s’excuse de passer rapidement sur beaucoup d’articles, parce que les libraires ne lui laissèrent guère que deux mois et demi pour chaque volume. Joly, sans avoir les mêmes excuses à donner, a fait comme Leclerc.