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MARETS.

semond en Picardie, le 9 d’août 1599, et fit paraître dès son enfance une forte inclination pour l’étude [a]. À l’âge de treize ans il fut envoyé à Paris, où il profita beaucoup dans les belles-lettres et dans la philosophie. Trois ans après on l’envoya à Saumur, où il étudia en théologie sous Gomarus, et en hébreu sous Louis Capel. Il retourna chez son père l’an 1618, et puis il s’en alla à Genève pour y achever ses études de théologie. Il revint en France l’année suivante ; et pour se former aux prédications il s’en alla à Paris. Les propositions qu’il rendit chez M. Durant, l’un des plus grands prédicateurs de ce temps-là, plurent beaucoup à ce ministre, qui lui conseilla de se faire recevoir bientôt au saint ministère. Sa jeunesse et sa petite taille (A) lui donnaient de la répugnance pour ce conseil ; mais néanmoins il le suivit, et se présenta au synode de Charenton au mois de mars 1620. Quoique l’examen fût alors un peu bien sévère, il y satisfit pleinement. L’église qu’on lui donna fut celle de Laon. Les circonstances du temps et du lieu rendaient très-pénibles les fonctions de son ministère ; néanmoins il s’en acquitta très-bien. La réponse qu’il fit à la lettre d’une dame qui avait changé de religion, irrita de telle sorte les adversaires, qu’on a cru que le père d’Anbigni, jésuite, suborna un assassin qui lui donna un coup de couteau, le 13 de décembre 1623 (B). Quelque dangereuse que fut la blessure, il en guérit néanmoins en peu de temps ; mais on trouva bon de le dégager d’une église qu’il ne pouvait plus servir sans de grands dangers, et de le prêter pour un an aux fidèles de Falaise [b]. C’est ce qu’on régla dans le synode de l’Île de France, au mois de mars 1624. Un peu après il accepta la vocation de l’église de Sedan, et il fut installé à la place de Jacques Capel, au mois d’octobre de la même année. Il devait être ministre, et professeur en théologie ; mais on le dispensa des fonctions de cette dernière charge jusqu’à ce qu’il eût rappelé les idées de ses études scolastiques [c]. Il obtint même la permission d’aller en Hollande, pour s’y faire graduer docteur en théologie. Cela fut exécuté à Leyde, le 8 de juillet 1625. Ayant fait un petit tour en Angleterre, il s’en retourna à Sedan ; et y commença l’exercice de sa profession en théologie, le 24 de novembre de la même année. Il ne le continua point sans y trouver beaucoup d’épines. Il eut à essuyer quelques bourrasques contre lesquelles il se soutint fermement par la faveur du duc de Bouillon, et par l’affection de l’église. Mais l’une des plus fortes barrières qu’il crut devoir opposer à ses ennemis, ce fut de se marier (C). Il épousa donc une veuve qui s’était réfugiée à Sedan pour la religion avec son premier mari, l’an 1622. Les noces furent célébrées le 2 de mai 1628. Ce fut aussi en cette année qu’il publia son premier

  1. Voyez la remarque (A), vers la fin.
  2. Sur les frontières de Champagne.
  3. Petito tamen quoad professionen spatio aliquo ad studia sua scholastica recolligenda. quo paratior illam capesseret. Vitæ professorum Groning., pag. 142.