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VIE DE M. BAYLE.

un extrait de cette lettre ; mais il supprima l’endroit où M. Sartre déclarait « qu’il n’osait assurer, ni que M. Bayle eût reçu la lettre de lui M. Sartre, ni qu’il y eût répondu, et que plusieurs personnes qui virent la lettre reçue par lui M. Sartre crurent que M. Bayle n’en était pas l’auteur [1]. » Cependant l’auteur de ce libelle produisit cette lettre comme une preuve de ce qu’on avait avancé contre M. Bayle, et pour le convaincre de mauvaise foi. C’est là proprement ce qui obligea M. Bayle de répondre à cet écrit. Sa réponse [2] a pour titre : Avis au petit auteur des petits livrets, sur son Philosophe dégradé. M. DC. XCII. Il y donna plusieurs exemples de la mauvaise foi et de l’étourderie de cet auteur, et de ses vaines redites. Il releva aussi quelques faussetés qu’il prétendait fonder sur la lettre de M. Sartre. Il lui apprit qu’il avait écrit à ce ministre, et qu’il attendait sa réponse ; et que M. Sartre l’avait déjà fait assurer par un ami commun qu’il éclaircirait la chose d’une manière dont M. Bayle serait content.

1692.

Nous avons vu que M. Jurieu, pressé par M. Bayle de prouver accusation d’athéisme, promit à son consistoire de le faire : qu’ensuite il s’en désista, et offrit seulement de fournir des mémoires sur cette affaire ; que, sans attendre l’ordre du consistoire, il mit au jour sa Courte revue, ce qui obligea M. Bayle de publier une Déclaration, où il montra que M. Jurieu changeait l’état de la question, et il le somme en même temps de prouver ce point capital. M. Jurieu ne répondit point à ces sommations réitérées, et ne fit plus de démarches auprès du consistoire cette année-là. Mais il s’avisa de renouveler les procédures dès que le consistoire eut été changé au mois de janvier 1692. « D’abord, dit M. Bayle [3], il ne voulut point être reconnu pour partie ; mais peu après il convint lui-même qu’il devait soutenir cette qualité ; il récusa qui bon lui sembla ; et comme presque en même temps je m’adressai au consistoire pour demander justice des calomnies atroces publiées contre moi, il semblait qu’on allait voir une issue de cette affaire selon les formes ; mais l’accusateur laissa passer plusieurs semaines sans comparaître, alléguant de dimanche en dimanche [4] diverses excuses. Enfin il notifia à la compagnie qu’il serait prêt pour un tel jour : j’en fus averti, et je ne manquait pas de comparaître ; mais, au lieu d’entrer en matière, l’accusateur demanda qu’on nous renvoyât au synode. Il appuya sa demande sur toutes les raisons qu’il put imaginer. Moi, au contraire, je fis tout ce qui me fut possible pour obtenir que le consistoire retînt en première instance le jugement de la cause,

  1. Avis au petit auteur des petits livrets, p. 29, 30.
  2. Elle est datée du 11 décembre 1691.
  3. Addition aux Pensées diverses sur les comètes, etc., p. 18, 19.
  4. Ce sont les jours ordinaires que les consistoires s’assemblent.