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VIE DE M. BAYLE.

à sa passion, fit tous ses efforts pour l’engager à reprendre cette affaire. Le consistoire avait été changé au commencement de l’année 1698, il se flattait d’y trouver plus de docilité. On nomma en effet des commissaires ; mais ils ne jugèrent pas à propos de rien changer dans ce qui avait été déjà arrêté : leur examen se réduisit à quelques remarques sur la feuille volante que M. Bayle avait publiée. Le consistoire approuva leur rapport et déclara que cet écrit avait paru plus tard qu’on ne l’espérait [1] ; que M. Bayle ne l’avait point envoyé à la compagnie ; que le nombre des exemplaires qu’on en avait imprimé était trop petit ; que M. Bayle ne s’était pas assez étendu sur ce que la compagnie avait exigé de lui, et n’avait pas fait connaître qu’il s’y était soumis sans réserve ; qu’ainsi elle aurait été en droit de lui demander davantage, mais qu’elle se contenterait de lui représenter ces choses verbalement, et de l’exhorter à corriger la seconde édition de son Dictionnaire sur les remarques qu’elle lui avait communiquées et à profiter des avis qu’elle lui avait donnés ; qu’on en dresserait un mémoire où l’on pourrait ajouter de nouvelles remarques, et que, comme M. Jurieu avait été fort maltraité par M. Bayle dans cet ouvrage, on exhorterait M. Bayle à se conduire à l’avenir avec plus de modération, tant dans la seconde édition que dans les autres livres qu’il publierait, « la compagnie n’ayant pu voir qu’avec douleur qu’on eût eu si peu de ménagement pour un pasteur dont le ministère et les travaux avaient été et étaient encore en singulière édification à l’Église. » On nomma des commissaires pour dresser ce mémoire, et on les chargea de le communiquer à M. Bayle. On y fit entrer ce qui regardait M. Jurieu. On y ajouta aussi quelques remarques, et entre autres choses on y exhorta M. Bayle « à prendre garde de ne pas réfuter légèrement ce que nos théologiens ont dit de certains papes vicieux, puisque, s’il pouvait alléguer quelques conjectures pour la défense de ces papes sur certains faits, on pouvait lui opposer de fortes raisons pour leur condamnation, et qu’il était injuste de prendre sans nécessité le parti de séducteurs qui ont fait tant de mal à l’Église, et de vouloir faire passer nos auteurs pour des accusateurs téméraires. » Cette affaire n’alla pas plus loin, et M. Jurieu ne put porter le consistoire à se prêter davantage aux désirs de vengeance dont ce ministre était animé [2].

1699.

M. Bayle publia en 1699 une troisième édition de ses Pensées diverses sur les comètes. Il supprima l’avertissement de la se-

    une indication plus générale pour reconnaître les exemplaires de la réimpression ; mais cette indication ne peut être juste qu’autant que l’assembleur ou le brocheur aura eu l’attention de ne pas mêler les feuilles des deux tirages.

  1. Le consistoire avait travaillé à cette affaire depuis le 3 de novembre 1697, jusqu’au 7 de janvier 1698. L’écrit de M. Bayle ne parut que six mois après ; il est daté du 6 de juillet 1608.
  2. On trouvera à la suite de ces mémoires, les Actes du consistoire de Rotterdam concernant le Dictionnaire de M. Bayle.