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VIE DE M. BAYLE.

conde et en mit un autre, où il explique d’abord pourquoi le style de cet ouvrage est celui d’un catholique romain, soit qu’il s’agisse de religion, soit qu’il s’agisse d’affaires d’état. Il marque ensuite ce qui lui avait donné occasion d’écrire ce livre, le dessein qu’il avait de le faire imprimer à Paris, et les autres particularités que j’ai rapportées. Il remarque encore qu’il avait promis que cette édition serait augmentée d’un grand nombre de nouvelles preuves et de nouvelles réponses aux difficultés ; cependant, qu’elle était tout-à-fait conforme à la seconde, sans addition ni diminution. La raison qui l’avait engagé à n’y rien ajouter, c’est, dit-il, que l’ouvrage n’étant déjà que trop semblable aux rivières, qui ne font que serpenter, il n’eût pu y joindre de nouvelles digressions sans en rendre la lecture très-ennuyeuse : cette considération l’avait obligé de réserver ses Additions pour un nouveau volume, qui serait imprimé à part dès qu’il serait plus avancé dans la composition du Dictionnaire critique, à quoi il continuait de travailler. « Si je renvoie, ajoute-t-il, la partie à ce temps-là, c’est qu’ayant examiné tout de nouveau les difficultés qu’on se peut former sur le parallèle que j’ai établi entre le paganisme et l’athéisme, il m’a semblé qu’on les peut résoudre toutes par les principes que j’ai posés, et par l’application des réponses que j’ai déjà employées. Il n’y a donc rien qui presse. » Cette nouvelle édition s’était faite pendant qu’il travaillait à la révision et à la réimpression de son Dictionnaire. Lorsqu’elle fut achevée, il n’eut plus rien qui le détournât d’un travail qui augmentait tous les jours, et qui ne lui donnait pas un moment de relâche. « Je ne serais pas excusable, écrivait-il à M. Marais [1], d’avoir tardé si long-temps à vous écrire, si je n’étais extraordinairement occupé, tant à la révision de mon Dictionnaire, dont on fait une seconde édition, qu’à la correction des épreuves. À peine puis-je suffire à ces deux occupations, et c’est un bonheur pour moi que la troisième édition de mes Pensées sur les Comètes soit achevée, pour me laisser un peu de loisir. J’en ai relu toutes les feuilles avant qu’on les imprimât ; et, quoique je n’y aie fait aucune addition, mais seulement quelque petit changement au style, cela n’a pas laissé de me faire perdre assez de momens. » Cette édition est divisée en deux volumes. On joignit au second tome une seconde édition de l’Addition aux Pensées diverses sur les Comètes, qui avait paru en 1694.

Dans ce temps-là, M. le Clerc, déguisé sous le nom de Théodore Parrhase, donna un ouvrage intitulé : Parrhasiana, ou Pensées diverses sur des matières de critique, d’histoire, de morale et de politique, dans lequel il y avait un article qui concernait M. Bayle. Celui-ci avait établi, dans son Dictionnaire, que les manichéens pouvaient faire aux

  1. Lettre du 7 de septembre 1699, pag. 763, 764.