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VIE DE M. BAYLE.

Moréri et qu’on a ôtées des dernières éditions, d’avec celles qui restent à corriger dans l’édition de 1725 [* 1].

M. Bayle donna en ce même temps un quatrième tome de sa Réponse aux Questions d’un provincial [1]. Il dit dans sa préface, datée du 25 de novembre 1706, que ce quatrième tome aurait pu paraître beaucoup plus tôt, si les presses du libraire n’eussent été occupées à de grands ouvrages commencés depuis long-temps, et qu’il importait de finir. Les cinq premières feuilles avaient été imprimées avant le commencement du mois d’avril. La principale et la plus ample partie de ce volume regarde la critique que M. Bernard avait faite du second tome de la Continuation des Pensées diverses, et roule sur le parallèle de l’athéisme et du paganisme, et sur la question si le christianisme est propre à maintenir les sociétés. M. Bayle se flatte que les lecteurs y trouveront un mélange de raisonnemens, d’autorités et d’histoires qui ne leur permettra pas de s’ennuyer. « Ils ne doivent pas craindre, dit-il, sous prétexte que c’est ici une réponse à M. Bernard, de rencontrer des choses peu intéressantes. Tout y est aussi dogmatique et aussi dégagé de différens personnels que si on n’avait eu en vue ni M. Bernard, ni aucun autre particulier. »

M. Bernard avait aussi fait des extraits critiques du premier et du second tome de la Réponse au provincial [2] ; M. Bayle dit qu’il aurait bien souhaité de mettre dans ce quatrième volume la réfutation qu’il avait faite de ces extraits. « Cette réfutation, ajoute-t-il, est achevée depuis long-temps, et roule sur des matières qui ne sont pas moins curieuses qu’importantes. Elle est telle en un mot qu’un auteur peut avoir de l’impatience de la voir publique. Cependant il a fallu trouver bon qu’elle fût renvoyée au tome qui suivra celui-ci. » Ce cinquième tome ne parut qu’après la mort de M. Bayle, et il n’eut pas le temps de le revoir, de le corriger, et de le grossir autant qu’il l’aurait pu. Cependant il y traite diverses questions importantes, et y examine plusieurs faits historiques avec une exactitude qu’il poussait jusqu’au scrupule.

M. le Clerc ne laissa pas sans réplique la dernière réponse de M. Bayle. Il renouvela ses accusations avec beaucoup de véhémence [3] : il soutint que M. Bayle n’avait pas répondu à ses principales difficultés, et que ce qu’il lui opposait de nouveau était vain et frivole. M. Bayle lui avait offert de prendre les académies de Hollande pour juges de leur différent ; M. le Clerc répondit qu’il y avait une voie bien plus sûre et plus honorable pour M. Bayle, c’est, dit-il, de solliciter lui-même une approbation de son Dictionnaire, de ses Pensées sur les comètes, et de ses

  1. * Voyez tom. XV, p. 373 et suiv.
  1. À Rotterdam, chez Reinier Leers, MDCCVII.
  2. Nouvelles de la république des lettres, janvier 1706, art. IV, p. 49, et février, art. II, p. 153.
  3. Bibliothéque choisie, tom. X, art. VIII, p. 364 et suiv.