Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T16.djvu/38

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AVERTISSEMENT
DU LIBRAIRE AU LECTEUR. [* 1]

Le Dictionnaire est un de ces ouvrages qui ne finissent qu’avec la vie de ceux qui l’ont commencé. Un auteur qui lit toujours fait de nouvelles découvertes et voit les fautes qui lui sont échappées.

M. Bayle a travaillé à celui-ci jusqu’à sa mort ; il ordonna par son testament de remettre entre les mains de M. Leers les exemplaires qu’il avait corrigés de sa main, et la cassette dans laquelle il conservait ses additions afin qu’on les publiât. Cet ordre fut exécuté, et M. Leers m’ayant vendu son fonds, y a compris l’exemplaire corrigé et les additions de M. Bayle ; c’est ce qui rend mon édition beaucoup plus correcte et plus ample que les deux précédentes.

Pendant que j’y travaillais, on en a fait une autre à Genève avec beaucoup de précipitation ; et afin de lui donner plus de relief, on a voulu mettre sur le compte de M. Marchand toutes les corrections et additions qui devaient entrer dans celle-ci.

M. Bayle avait des idées particulières et un style que personne ne peut imiter ; il suffit donc de produire son ouvrage pour convaincre ceux qui le liront de la fausseté de cette accusation. Cependant, si on avait besoin de nouvelles preuves, l’ami illustre [* 2] qu’il avait fait le dépositaire de ses dernières volontés est encore vivant, et on ne peut lui contester ce qu’il a vu, tenu entre ses mains, et délivré à feu M. Leers, qui lui en a donné sa décharge.

Plusieurs amis de M. Bayle, accoutumés à lire ses lettres, m’ont donné leur attestation de la vérité des faits, et je conserverai précieusement les manuscrits, afin de pouvoir en convaincre les incrédules, ou ceux qui se feront peut-être un honneur de soutenir avec opiniâtreté ce qu’ils ont avancé sans raison.

L’auteur avait promis de publier son Supplément dans un volume séparé, afin de n’imposer à personne la nécessité d’acheter plusieurs fois le même ouvrage. J’aurais dégagé sa parole, si l’incident arrivé à Genève ne m’avait contraint d’en user autrement. En effet, on aurait imprimé promptement le Supplément, et on n’aurait pas laissé de profiter des additions de M. Bayle, après avoir publié qu’elles étaient d’une main étrangère : c’est pourquoi je les ai insérées, selon

  1. * Édition de 1720. V. tom. 1er., mon Discours préliminaire.
  2. * M. Basnage.