Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T16.djvu/40

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SON ALTESSE ROYALE
MONSEIGNEUR
LE DUC D’ORLÉANS,
RÉGENT DE FRANCE. [* 2]
Monseigneur,

Personne n’ignore que Votre Altesse royale redoute les louanges autant qu’elle les mérite ; tandis que les plus grands hommes les regardent comme la récompense de la vertu, il semble que pour vous elles n’en soient que l’inconvénient : mais, Monseigneur, plus on est instruit là-dessus de votre goût, plus on a de peine à s’y conformer ; la modestie qui refuse l’encens, opiniâtre, pour ainsi dire, à l’offrir ; l’admiration secoue le joug qu’on lui impose ; et c’est ce sentiment de liberté qui vous attire aujourd’hui l’ouvrage d’un républicain.

J’ose donc, Monseigneur, mettre sous les auspices de Votre Altesse royale, le fameux ouvrage que je donne au public ; mais, avec toute la liberté de mon pays et toute la franchise de mon auteur, je vous avouerai, Monseigneur, que je n’aurais pas réclamé votre protection, si je connaissais dans l’Europe un prince plus éclairé et plus zélé pour l’avancement des lettres.

Cet ouvrage, Monseigneur, a

  1. * Cette épître dédicatoire, de l’édition de 1720, est de la composition de Lamotte-Houdard.
  2. * En tête de cette dédicace était un médaillon du duc d’Orléans, dans quelques exemplaires au bas de ce médaillon étaient les dix-neuf vers de Limiers que voici :

    Cesse de t’affliger, ô France !
    Assez et trop long-temps ont duré tes malheurs ;
    Tes trésors épuisés, tes peuples sans finance,
    Assez et trop long-temps ont fait couler tes pleurs.
    Ouvre ton cœur à l’espérance.
    Par un rare bienfait ton destin va changer.
    Philippe voit tes maux, cesse de t’affliger.
    Ce prince généreux, sensible à tes alarmes,
    Va tarir pour jamais la source de tes larmes.
    Vois comme, par ses soins, en métal transformé,
    Le papier enrichit le Français alarmé ;
    Vois ce pays lointain d’où renaît l’abondance,
    Vois renaître à la fois la douce confiance ;
    Vois ce riche palais, où, sur un fonds certain,
    Tout ce peuple à l’envi court assurer son gain ;
    Vois les arts en honneur ; vois partout la Sagesse
    Animer du régent la vigilante adresse :
    Tels sont, sous son pouvoir, les essais inouïs
    Du nouveau règne de Louis.

    Voyez sur ces vers mon Discours préliminaire, en tête du tom. 1er.