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ÉPÎTRE DÉDICATOIRE.

été déjà imprimé deux fois à Rotterdam ; il n’a eu jusques ici d’autre recommandation que lui-même ; il a plu jusque dans les choses qui n’en ont pas été approuvées ; et si l’auteur y est quelquefois digne de censure, il est toujours curieux et agréable, ou par la rare subtilité de ses raisonnemens, ou par les seules grâces de son style. Mais, Monseigneur, cet ouvrage déjà si goûté est devenu en quelque sorte nouveau, et en même temps plus digne d’être offert à Votre Altesse royale, par le grand nombre d’additions de la main de l’auteur que j’ai recueillies dans cette édition. Tout ce qui sort d’un pareil écrivain sera toujours précieux au public, et l’on me saura gré sans doute des nouvelles richesses que je répands dans la littérature.

Pour moi, Monseigneur, je me féliciterai toujours de l’occasion qui s’est présentée de vous. rendre mes très-humbles hommages, et de mettre votre nom à la tête d’un ouvrage presque aussi célèbre dans le monde que vos vertus ; car où les ignore-t-on, Monseigneur ? où ne sait on pas ce quelles ont fait pour la France ? Votre valeur l’a servie long-temps aux dépens de votre sang même, sous les ordres du plus grand de ses rois ; aujourd’hui dépositaire de l’autorité royale, vous la servez par toutes les qualités. qui distinguent les souverains : votre prudence, ou plutôt votre droiture, a dissipé toutes les inquiétudes de vos voisins ; votre justice et votre bonté vous ont fait trouver pour acquitter les dettes de l’état, et pour y répandre de nouveaux trésors, ces prodigieuses ressources qui étonnent les nations, et dont elles seraient jalouses, si votre équité, et celle que fait attendre le jeune monarque qui s’élève sous votre exemple, ne les rassuraient contre voire puissance.

C’est ainsi, Monseigneur, qu’un Hollandais, dans le sein sa république, se fait honneur de rendre justice à vos vertus, et qu’il croit faire des vœux pour la prospérité de sa patrie, en priant le ciel de bénir vos intentions et de conserver vos jours. Je suis avec le plus profond respect,

Monseigneur,
De Votre Altesse royale,
Le très-humble et très-obéissant serviteur,
MICHEL BOHM.