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VIE DE M. BAYLE.

ne point enseigner la philosophie de Descartes ni la doctrine de Jansénius : 2o. Des remarques sur ce concordat : 3o. Un éclaircissement sur le livre de M. de la Ville, ou plutôt du père de Valois[1]. Cet écrit est de M. Bernier, si connu par ses voyages et par son Abrégé de la philosophie de Gassendi. Le père de Valois l’avait mis au rang des nouveaux philosophes qui détruisent le dogme de la transsubstantiation en soutenant que l’essence de la matière consiste dans l’étendue. Son livre fit beaucoup de bruit en France, et alarma tous les cartésiens. M. Régis, qui tenait des conférences à Paris, fut obligé de les rompre. M. Bernier craignit pour lui-même, et composa cet éclaircissement, où il tâche de concilier les principes de sa philosophie avec les décisions de l’église. Ce recueil contient encore : 4o. Une réponse du père Mallebranche au père de Valois, qui avait fait paraître beaucoup d’animosité contre lui, et s’était particulièrement attaché à rendre sa foi suspecte : cette réponse est suivie d’un mémoire pour expliquer la possibilité de la transsubstantiation : 5o. Les thèses raisonnées que M. Bayle fit soutenir à ses écoliers en 1680 : Dissertatio in quâ vindicantur à peripateticorum exceptionibus rationes quibus aliqui cartesiani probârunt essentiam corporis sitam esse in extensione : M. Bayle joignit à cette dissertation quelques thèses de philosophie, où il soutient, entre autres choses, que le lieu, le mouvement et le temps n’ont point été encore définis que d’une manière inexplicable : 6o. Une pièce qui avait été imprimée à Paris, sous le titre de Méditations sur la métaphysique par Guillaume Wander. M. l’abbé de Lanion en est l’auteur[2]. On y trouve le précis de la métaphysique cartésienne, et tout ce qu’il y a de meilleur dans les Méditations de Descartes. Il semble même que tout y soit mieux digéré que dans celles de Descartes, et qu’on soit allé plus avant que lui. C’est le jugement qu’en porte M. Bayle.

L’éclaircissement de M. Bernier fut réfuté dans un livre imprimé à Paris en 1682, sous ce titre : La philosophie de M. Descartes contraire à la foi de l’église catholique ; avec la réfutation d’un imprimé fait depuis peu pour sa défense. Cet imprimé, c’est l’écrit de M. Bernier. L’auteur de ce livre dit qu’ayant vu celui de M. de la Ville, il trouva qu’on y avait fort bien attaqué le système des cartésiens au sujet de l’essence du corps, mais qu’on n’avait pas réfuté leur sentiment sur les accidens ou les qualités de la matière ; de sorte qu’il avait cru devoir traiter ce point, et y joindre une nouvelle discussion du premier, pour faire un ouvrage complet. Ainsi il divisa son livre en deux parties. Dans la première, il fit voir que « si l’essence du corps consiste dans l’étendue actuelle, le corps de Jésus-Christ ne saurait-être réellement et de fait dans l’eucharistie, puisqu’une chose ne saurait exis-

  1. Voyez ci-dessus, p. 61.
  2. Voyez la Réponse aux questions d’un provincial, tom. I, ch. xxvi, p. 223, 224.