La crainte ?
FIGARO.
Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse ; mais d’échapper au
péril en la menant à bien : car, d’entrer chez quelqu’un la nuit, de lui
souffler sa femme, et d’y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il
n’est rien plus aisé ; mille fois coquins l’ont fait. Mais…. (on sonne
de l’intérieur.)
SUZANNE.
Voilà Madame éveillée ; elle m’a bien recommandé d’être la première à lui
parler le matin de mes noces.
FIGARO.
Y a-t-il encore quelque chose là-dessous ?
SUZANNE.
Le berger dit que cela porte bonheur aux épouses délaissées. Adieu mon
petit Fi, Fi, Figaro ; rêve à notre affaire.
FIGARO.
Pour m’ouvrir l’esprit, donne un petit baiser.
SUZANNE.
À mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! Et qu’en dirait demain mon
mari ?
Figaro l’embrasse.
SUZANNE.
Eh bien ! eh bien !
FIGARO.
C’est que tu n’as pas d’idée de mon amour.
SUZANNE se défrippant.
Quand cesserez-vous, importun, de m’en parler du matin au soir ?
FIGARO mystérieusement.
Quand je pourrai te le prouver du soir jusqu’au matin. (on sonne une
seconde fois.)
SUZANNE
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