Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/54

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COMTE. Ma chère Rosine !

FIGARO. Monseigneur, je ne suis plus en peine des motifs de votre mascarade ; vous faites ici l’amour en perspective.

LE COMTE. Te Voilà instruit ; mais si tu jases…

FIGARO. Moi, jaser ! Je n’emploierai point pour Vous rassurer les grandes phrases d’honneur et de dévouement dont on abuse à la journée ; je n’ai qu’un mot : mon intérêt vous répond de moi ; pesez tout à cette balance, et…

LE COMTE. Fort bien. Apprends donc que le hasard m’a fait rencontrer au Prado, il y a six mois, une jeune personne d’une beauté… ! Tu viens de la voir. Je l’ai fait chercher en vain par tout Madrid. Ce n’est que depuis peu de jours que j’ai découvert qu’elle s’appelle Rosine, est d’un sang noble, orpheline, et mariée à un vieux médecin de cette ville, nommé Bartholo.

FIGARO. Joli oiseau, ma foi ! difficile à dénicher ! Mais qui vous a dit qu’elle était femme du docteur ?

LE COMTE. Tout le monde.

FIGARO. C’est une histoire qu’il a forgée en arrivant de Madrid, pour donner le change aux galants et les écarter ; elle n’est encore que sa pupille, mais bientôt…

LE COMTE, vivement. Jamais !… Ah ! quelle nouvelle ! J’étais résolu de tout oser pour lui présenter mes regrets, et je la